Les États-Unis pourraient imposer des contrôles à l'exportation sur les pièces détachées d'avions Boeing dans le cadre de la riposte de Washington aux restrictions chinoises sur les exportations de terres rares, a déclaré vendredi le président Donald Trump.

Depuis son entrée en fonction en janvier, Donald Trump a fréquemment utilisé Boeing dans sa stratégie offensive visant à remodeler le commerce mondial. Lors de tensions commerciales avec Trump, Pékin avait, en avril, ordonné aux compagnies aériennes chinoises de suspendre temporairement la réception de nouveaux appareils Boeing. Le constructeur aéronautique américain a néanmoins décroché plusieurs contrats importants auprès de compagnies étrangères à la suite de visites du président.

« Nous avons beaucoup d'atouts, et notamment un atout majeur : l'avion. Ils (la Chine) possèdent de nombreux avions Boeing, ils ont besoin de pièces détachées et de beaucoup d'autres choses de ce genre », a déclaré Donald Trump à des journalistes à la Maison-Blanche, interrogé sur les produits susceptibles d'être visés par des contrôles à l'exportation américains.

Selon Bloomberg, Boeing négocie actuellement la vente de jusqu'à 500 appareils à la Chine, ce qui constituerait la première commande majeure du pays depuis le début du premier mandat de Trump.

Même si la commande n'aboutissait pas, l'impact financier pour Boeing resterait limité, estime Scott Hamilton, analyste aéronautique chez Leeham Co. « Ce n'est qu'un léger frottement pour Boeing », a-t-il commenté.

Historiquement, la Chine représentait jusqu'à 25 % du carnet de commandes de Boeing, mais cette part est aujourd'hui tombée à moins de 5 %.

Les compagnies chinoises ont commandé au moins 222 avions Boeing, selon les données de Cirium, société d'analyse du secteur aérien. Le pays compte actuellement 1 855 appareils Boeing en service, la grande majorité étant des 737, le monocouloir vedette du constructeur.

Une interdiction des pièces détachées ou des exportations toucherait également CFM International, coentreprise entre GE Aerospace et le groupe français Safran, qui fabrique le moteur LEAP équipant le Boeing 737 MAX. GE produit aussi les moteurs des 777 et 787, deux modèles long-courriers commandés par la Chine.

Le rival européen de Boeing, Airbus, ne compte que 185 commandes émanant de clients chinois, selon Cirium. Airbus dispose d'une usine à Tianjin, où sont assemblés environ quatre monocouloirs A320 par mois.

La Chine tente d'accélérer le développement de son industrie aéronautique civile, principalement avec le COMAC C919, concurrent des A320 et 737. Les clients chinois ont commandé 365 exemplaires de ce jet construit localement, selon Cirium.

Les contrôles américains sur les exportations de pièces occidentales destinées au C919 ont fortement ralenti la production de cet appareil. En septembre, COMAC n'avait livré que cinq des 32 avions attendus cette année par les clients chinois.