Le président de Turkish Airlines, Ahmet Bolat, a déclaré que la compagnie pourrait transférer une récente commande de Boeing 737 MAX vers le rival européen Airbus si les discussions avec le fournisseur de moteurs CFM n'aboutissaient pas, selon des propos recueillis par Reuters.

Cette mise en garde intervient après l'annonce par le transporteur national turc d'une commande préliminaire de 150 avions MAX auprès de Boeing, coïncidant avec une rencontre le 25 septembre dernier entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump, aujourd'hui 47 e président des États-Unis. Cette commande reste toutefois conditionnée à un accord séparé sur les moteurs.

La coentreprise transatlantique CFM International, détenue conjointement par GE Aerospace et Safran, est actuellement le seul fournisseur de moteurs pour le Boeing 737 MAX. CFM est en concurrence avec Pratt & Whitney, filiale de RTX, pour équiper la famille Airbus A320neo.

Désaccords sur les coûts

« Si CFM propose des conditions économiques acceptables, alors nous signerons avec Boeing », a expliqué M. Bolat mercredi soir à Stockholm. Il a précisé que les négociations avaient progressé, mais que des désaccords subsistaient sur la question des coûts.

« Si CFM maintient sa position, nous basculerons vers Airbus. Avec Airbus, j'ai le choix », a-t-il ajouté, en référence aux deux fournisseurs de moteurs proposés par l'avionneur européen.

CFM, premier fabricant mondial de moteurs en termes d'unités vendues, n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire. Boeing a également décliné toute réaction.

Ce contrat s'inscrit dans un vaste plan de renouvellement et d'expansion de la flotte de Turkish Airlines, qui vise environ 800 appareils d'ici 2033, après avoir déjà commandé plus de 200 avions Airbus en 2023.

Selon des sources industrielles, un accord reste probable compte tenu de l'attention politique récente portée au dossier et de la pénurie d'appareils Airbus concurrents. Les déclarations de M. Bolat mettent toutefois en lumière les tensions persistantes sur le marché des moteurs d'avions.

Une série de pénuries de moteurs et de retards croissants dans la maintenance ont entraîné une hausse des prix des pièces détachées et exacerbent les tensions entre fournisseurs et compagnies aériennes dans l'ensemble du secteur aéronautique.

Les compagnies aériennes du monde entier expriment leur frustration face à ces perturbations, dont Turkish Airlines qui subit actuellement des retards liés aux moteurs Pratt & Whitney sur sa flotte Airbus existante. Les motoristes estiment, quant à eux, devoir être justement rémunérés pour les risques financiers considérables qu'ils encourent.

THY ouverte à une commande sur le Boeing 777X malgré les retards

Bonne nouvelle toutefois pour Boeing : Ahmet Bolat a indiqué que Turkish Airlines envisageait toujours de commander le 777X, malgré les récents retards supplémentaires du programme, et suivait de près son développement.

Le Boeing 777X, plus grand avion de ligne bimoteur au monde, a connu de multiples reports et n'est désormais attendu qu'en 2027, soit avec sept années de retard sur le calendrier initial.

M. Bolat a précisé que Turkish Airlines restait en contact régulier avec Boeing, notamment au sujet du 777X, et évaluait les liaisons pour lesquelles l'appareil serait le plus adapté.

« Lorsque le moment sera venu, nous passerons commande de 777X », a-t-il conclu, soulignant que la compagnie n'était pas pressée de finaliser cette commande.

(Reportage de Marie Mannes à Stockholm, avec la contribution de Tim Hepher, Joanna Plucinska, Ceyda Caglayan ; rédaction par Adam Jourdan et Emelia Sithole-Matarise)