La menace d'une fermeture du gouvernement américain domine l'agenda des investisseurs la semaine prochaine, alors que les marchés entament un quatrième trimestre historiquement porteur, avec des actions proches de leurs sommets historiques, en attendant l'épreuve de la saison des résultats plus tard ce mois-ci.
Une profonde division partisane à Washington a conduit à une paralysie du gouvernement fédéral, risquant de retarder la publication de données économiques cruciales et d'obscurcir les perspectives d'assouplissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
Peu d'acteurs de Wall Street s'attendent à ce que l'impasse à Washington fasse dérailler le rallye qui a propulsé le S&P 500 de 14 % vers des records répétés, mais en l'absence de publications majeures de données ou de résultats, le feuilleton du Capitole devrait capter toute l'attention des investisseurs.
« La fermeture et la possible réouverture... c'est ce qui va accaparer quasiment toute l'attention des investisseurs », estime Mark Hackett, stratège en chef des marchés chez Nationwide.
La principale préoccupation des investisseurs réside dans le fait que la paralysie suspendra la publication en temps voulu des indicateurs économiques.
Si cette pénurie de données se prolonge plusieurs semaines, elle pourrait semer la confusion sur l'orientation de la politique monétaire de la Fed, la banque centrale se retrouvant privée d'informations gouvernementales essentielles à ses décisions. Plus la situation dure, plus elle risque également de peser sur la croissance économique.
Pour l'heure, toutefois, les investisseurs ne voient guère de raisons de paniquer.
LES TAUREAUX EN POSITION DE FORCE
Malgré un léger fléchissement des chiffres de l'emploi, l'économie américaine a bien résisté aux turbulences liées aux échanges commerciaux et aux droits de douane, tandis que les résultats des entreprises ont soutenu la progression des actions.
Jeudi, les analystes tablaient sur une hausse de 8,8 % des bénéfices des entreprises du S&P 500 au troisième trimestre par rapport à l'an dernier, contre une prévision de 8,0 % début juillet, selon les données de LSEG.
« À mon avis, l'absence de données fait reposer la charge de la preuve davantage sur les baissiers que sur les haussiers », juge Hackett.
Les investisseurs auront un avant-goût de la saison des résultats avec les publications de Levi Strauss et Delta Air Lines attendues jeudi.
« Le scénario le plus probable, c'est que le marché reste relativement calme... évoluant latéralement pendant la fermeture », anticipe Hackett.
Le PDG de KEY Advisors Wealth Management, Eddie Ghabour, qui estime que la paralysie pourrait durer deux à quatre semaines, partage cette analyse.
« Si nous avons raison et que la fermeture se prolonge, que l'économie bénéficie d'un supplément de relance sous la forme de deux nouvelles baisses de taux, puis que le gouvernement redémarre, on assistera à une forte réaccélération de la croissance économique et des marchés actions », prédit Ghabour.
Les investisseurs pourront également décortiquer mercredi les minutes de la réunion de septembre de la Fed, lors de laquelle les taux ont été abaissés, pour mieux comprendre les intentions des responsables monétaires.
UN QUATRIÈME TRIMESTRE HISTORIQUEMENT FORT
Pour les investisseurs optimistes, le fait que le quatrième trimestre, qui vient de débuter, soit historiquement le plus porteur pour le S&P 500 -- avec un gain moyen d'environ 2,9 % et une forte proportion de rendements positifs, selon les données de LSEG depuis 1928 -- est un atout supplémentaire.
« Malgré les risques liés à l'actualité et le potentiel de volatilité à court terme, l'ensemble des éléments continue de plaider pour une approche constructive », écrivait jeudi Keith Lerner, co-directeur des investissements chez Truist Advisory Services, dans une note.
« Comme toujours, nous continuerons de suivre l'ensemble des indicateurs », ajoute-t-il.
Dans le même temps, la forte dynamique du marché pousse les investisseurs baissiers à la prudence. Le S&P 500 a enregistré jeudi sa 30 e clôture record de l'année.
« La fermeture va faire la une, mais en réalité, le contexte de fond repose sur trois éléments : la saisonnalité, qui est positive, le soutien des baisses de taux pour protéger le marché du travail... et la dynamique des marchés », analyse Sonu Varghese, stratège macroéconomique mondial chez Carson Group.
« Nous sommes surpondérés en actions et nous comptons le rester », conclut-il.


















