Dans la continuité des informations révélées par Le Monde le 30 septembre dernier, plusieurs médias français sont venus confirmer ce week-end l'échec d'un rapprochement entre Carrefour et Auchan. Selon Le Figaro, Alexandre Bompard, le PDG du numéro deux mondial de la grande distribution, aurait buté face à la complexité d'une telle opération en raison des incertitudes liées à l'obtention des autorisations réglementaires et de la possibilité de "dégager des synergies commerciales et industrielles. Les Echos évoquent, eux, "la difficulté à estimer la valeur des actifs d'un groupe non coté".

Le quotidien économique affirme que les discussions entamées au printemps ont progressivement évolué d'une proposition de fusion vers une offre publique d'échange. Une opération qui aurait ainsi permis à Auchan de prendre le contrôle de son concurrent.

La Famille Muliez, principal actionnaire du groupe nordiste, aurait donc formulé une offre de 21,5 euros par action Carrefour, "dont plus de 70 % en numéraire et un peu moins de 30 % en actions Auchan". Une offre qui valorise le groupe coté au CAC 40 à 16,5 milliards d'euros, contre 12,4 milliards environ à date.

A titre de comparaison, le groupe canadien Couche-Tard avait proposé en début d'année de racheter Carrefour au prix de 20 euros par action, un projet qui avait suscité l'opposition du gouvernement français.

Mais si "les discussions exploratoires entre Carrefour et Auchan sur différents scénarios de consolidation sont désormais terminées", affirme Reuters ce lundi, citant des sources anonymes proches du dossier, Alexandre Bompard n'aurait pas forcément abandonné toute idée de consolidation, bien que celle-ci semble désormais compliquée. 

"Alexandre Bompard n'est pas homme à renoncer à son idée de nécessaire concentration de la Grande Distribution en France", affirmait Invest Securities la semaine passée. L'analyste ne voyait cependant pas en Auchan le meilleur candidat pour un rapprochement en raison de sa "très mauvaise posture" du groupe familial (perte de parts de marché en France, niveaux de chiffres d'affaires "inquiétants", excédent d'offre non alimentaire...).

Dans une note du jour, Invest Securities se montre plus pessimiste quant à un rapprochement de Carrefour avec un autre groupe. "Les possibilités de rapprochement de Carrefour avec un acteur français sont désormais épuisées", affirme le broker, et "la piste d'un rapprochement avec un acteur étranger reste extrêmement aléatoire" en raison du peu d'intérêt suscité par le marché français de la grande distribution (domination des groupements d'indépendants, lois de plus en plus coercitives).

Bernstein s'interroge lui aussi sur la faisabilité d'une telle opération, "compte tenu des défis potentiels des autorités de la concurrence en France et de l'intérêt politique à l'approche de l'élection présidentielle française de 2022". Prudent, l'analyste estime également que la fusion d'Auchan et Carrefour aboutirait à la création d'un "Léviathan structurellement déficient", alors que les deux sociétés perdent des parts des parts sur de nombreux marchés.

Enfin, Jefferies n'aurait pas non plus vu d'un très bon oeil un tel rapprochement. Le broker juge notamment l'offre d'Auchan trop faible compte tenu des bénéfices que le groupe tirerait du rapprochement. "Auchan paierait environ 10 fois les bénéfices après synergies pour une combinaison qui transformerait une activité alimentaire qui a longtemps été sous forte pression dans ses deux marchés principaux", écrit l'analyste.

En fin de matinée, le titre Carrefour cède 1,72% à 15,755 euros par action.