par Pascale Denis, Dominique Vidalon et Maiya Keidan

PARIS/LONDRES, 14 janvier (Reuters) - Elliott et les responsables de Pernod Ricard s'apprêtent à se rencontrer une nouvelle fois pour discuter d'une stratégie que le fonds activiste souhaite plus musclée en matière de marges, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.

Signant sa première incursion au capital d'une société du CAC 40, le fonds dirigé par Paul Singer a fait irruption chez Pernod Ricard en novembre en prenant plus de 2,5% de son capital et rendu sa position publique en décembre.

Plusieurs réunions d'ordre technique ont déjà eu lieu entre représentants des deux parties.

Ils vont échanger à nouveau lors d'une rencontre prévue dans le courant du mois de janvier, a déclaré une des deux sources.

Connu pour sa ténacité, Elliott réclame à Pernod Ricard des suppressions massives de coûts (de 500 millions d'euros) pour combler l'écart de rentabilité avec son concurrent Diageo , leader mondial du secteur. Il plaide aussi pour plus d'indépendance dans la gouvernance.

Jusqu'ici, les échanges entre les deux parties sont restés courtois et jugés "constructifs".

"Pour Elliott, il ne s'agit pas d'un coup financier de court terme. Il estime avoir à faire à une belle entreprise, mais qui pourrait faire beaucoup mieux", a déclaré la même source.

Le fonds américain considère que le PDG de Pernod Ricard a hérité d'une structure lourde en termes de culture et d'inertie.

Selon lui, "un dirigeant, quelle que soit sa qualité, ne peut pas changer à lui seul la direction ou améliorer sa culture", a également indiqué cette source.

Pernod Ricard a quant à lui dit accorder, dans son dialogue avec ses actionnaires, "la plus haute importance aux propositions constructives ayant pour objectif commun la création de valeur".

CALENDRIER

Depuis sont arrivée à la tête du groupe en février 2015, Alexandre Ricard a remanié à la fois les structures de direction et l'organisation du groupe pour le rendre plus efficace.

Le comité exécutif compte 40% de nouveaux membres et un tiers d'étrangers, tandis que le conseil a vu l'arrivée de trois nouveaux administrateurs.

Pernod Ricard publiera ses résultats semestriels le 7 février et les analystes s'attendent à ce qu'il donne à cette occasion des indications sur la trajectoire de son nouveau plan stratégique baptisé "Transform & Accelerate".

Avec Elliott, ils estiment que le groupe devrait muscler les objectifs de ce plan déjà présenté en interne aux cadres dirigeants.

Ils s'interrogent toutefois sur le calendrier du fonds activiste, alors que le titre Pernod Ricard a pris près de 40% au cours des trois dernières années, porté par le retour du groupe à une forte croissance organique.

Les manoeuvres d'Elliott ont connu jusqu'ici des fortunes diverses. Le fonds est récemment parvenu à ravir à Vivendi le contrôle du conseil de Telecom Italia et a poussé Whitbread à céder sa chaîne Costa Coffee.

Mais il a échoué, l'an dernier, à faire accepter par le néerlandais Akzo Nobel une offre hostile de l'américain PPG.

Dans le cas de Pernod Ricard, il est conseillé par Alain Minc, conseil de nombreux grands patrons français.

* Le fonds activiste Elliott s'attaque à Pernod Ricard

* ANALYSE-Après Elliott, Pernod Ricard devrait muscler ses ambitions (Edité par Marc Joanny)