Veolia cède 1,65% à 22,11 euros tandis que Suez gagne 0,64% à 18,225 euros alors que le dossier est devenu inextricable. Suez a proposé à Veolia "une solution négociée" qui l'a rapidement rejetée. Le numéro un mondial de l'environnement a refusé de relever son offre de 18 à 20 euros par titre et de voir la taille de sa cible à la baisse. Le groupe espère toujours obtenir gain de cause en justice sur l'annulation de la fondation néerlandaise, obtenir le feu vert de l'AMF à son OPA et surtout convaincre les actionnaires de Suez de pencher en sa faveur d'ici la prochaine assemblée générale.

Suez a donc proposé une porte de sortie à Veolia aux conditions plutôt baroques.

Le groupe a reçu une offre des fonds Ardian et Global Infrastructure Partners (GIP) portant sur la totalité des activités françaises "Eau" et "Recyclage et Valorisation" de Suez auxquelles s'ajoutent plusieurs activités "Eau et Technologie" à l'international. Les fonds proposent 11,9 milliards d'euros, soit 20 euros par action. Ce " nouveau Suez " représenterait 9,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit près de la moitié du groupe.

L'offre de Veolia porte, elle, sur l'intégralité de Suez, et se monte à 18 euros par titre. Pour convaincre Suez, Veolia avait proposé, en vain, de préserver ses activités en France au sein d'une même entité.

Comme Veolia détient 29,9% de Suez, ce dernier invite Veolia a des négociations avec lui et Ardian/CIP. Veolia devrait ainsi accepter de revendre au préalable les actifs de ce " nouveau Suez " aux deux fonds. Le groupe d'Antoine Frérot devrait également relever son offre de 18 à 20 euros pour conserver, in fine, le reste des activités non acquises par les deux fonds.

Si Veolia refuse d'obtempérer, Suez brandit deux menaces. Premièrement, si aucun accord n'est conclu d'ici le 20 avril, le groupe accélère son plan stratégique Suez 2030. En creux, cela signifie de nouvelles cessions qui réduiraient son attrait pour Veolia.

Deuxièmement, Suez rendrait définitif jusqu'en septembre 2024 le dispositif de préservation de l'activité Eau France au sein du groupe. Suez a ainsi activé la fondation néerlandaise qui rend inaliénable Suez Eau France.

Ainsi, même si l'OPA de Veolia était couronnée de succès, il ne pourrait plus vendre Suez Eau France et se trouverait ainsi en porte-à-faux avec les différentes autorités de la concurrence.

Pour éviter tout ces tracas à Veolia, Suez offre une alternative : une OPA non pas à 18 mais à 22,5 euros par titre. A ce prix, il se couche, assure-t-il.

Sans surprise, Veolia a rejeté cette solution qui s'apparente selon lui à un démantèlement de Suez. Le groupe d'Antoine Frérot reste droit dans ses bottes : il attend la décision de l'AMF sur son OPA.  Une fois cette offre validée, libre à Ardian et GIP de faire une contre-offre à 20 euros évidemment sur le même périmètre que celui de Veolia.

Pour Invest Securities, ces derniers développements montrent que "Veolia ne démord pas de son emprise sur Suez et que c'est la direction de Suez qui s'enfonce dans des contre-propositions et des manœuvres aussi vaines qu'illégales, s'agissant d'initiatives qui devraient relever du vote des actionnaires de Suez".


Valeurs citées dans l'article : Suez, Veolia Environnement