Lagardère peine à la bourse de Paris aujourd'hui, le titre chutant de 3,35% à 22,52 euros et figurant parmi les plus fortes baisses du SBF 120. Hier soir, le groupe d'édition a publié des résultats 2020 fortement dégradés par la crise du covid-19, bien que meilleurs qu'attendu. L'activité Publishing a notamment fait montre d'une certaine résistance. En revanche, le doute plane toujours quand à l'avenir de la structure et de l'organisation du groupe.

Lagardère a donc réalisé un chiffre d'affaires de 4,44 milliards d'euros l'an dernier, en baisse de 38% en données comparables. Le Travel Retail, qui représentait 59% de l'activité en 2019, a dégringolé de 59,7% à 1,72 milliards d'euros, en raison des effets des mesures gouvernementales de restriction des déplacements, notamment en matière de trafic aérien et international.

A l'inverse, l'activité Publishing est restée quasi-stable (-0,4%) à 2,375 milliards d'euros grâce à la bonne performance de la Littérature générale dans les différentes zones géographiques. Elle a affiché une croissance de 4% au dernier trimestre, contre 2% attendus.

L'EBITA (ou Résop, le résultat opérationnel courant des sociétés intégrées) du pôle ressort à 246 millions d'euros, alors que les analystes d'Oddo BHF tablaient sur 225 millions, soit une marge de 10,4% en 2020 contre 9,2% en 2019.

Au niveau du groupe, l'EBITA ressort dans le rouge, à -155 millions d'euros (contre +378 millions en 2019), mais est resté supérieur aux prévisions d'Oddo BHF (-206 millions d'euros). Il a été plombé lui aussi par le Travel Retail: celui-ci a vu en effet son EBITA chuter de 505 millions d'euros pour ressortir à -353 millions, même si les analystes attendaient -376 millions.

Au final, Lagardère a creusé un peu plus ses pertes en 2020, puisqu'elles sont passées de 15 millions d'euros à 660 millions.

La visibilité reste limitée en 2021, affirme le groupe, et c'est pourquoi il a annoncé vouloir poursuivre ses efforts de maîtrise du cash sur le Travel Retail. Il s'attend en outre à ce que son " flow through " reste en ligne avec celui de 2020 (soit autour de 20%). Pour Publishing, l'effet mix favorable en 2020, porté par les ventes de supports numériques, devrait s'effacer et ainsi affecter légèrement la profitabilité en 2021.

De son côté, Oddo BHF parie sur une reprise progressive de l'activité Travel Retail tout au long de 2021 et 2022. Le broker a ainsi réitéré son opinion Sous-performance sur le titre avec un objectif de cours ajusté à 17,5 euros contre 15 euros précédemment.

Il a en effet légèrement rehaussé ses prévisions de marge de long terme pour Lagardère Publishing sous l'effet des économies de coûts générées en 2020, et d'une dette nette meilleure qu'attendu en 2020 (1,7 milliards d'euros à fin décembre, en baisse de 315 millions sur six mois).

Oddo BHF s'est également exprimé sur l'avenir de la commandite, qui permet à Arnaud Lagardère de garder le contrôle du groupe malgré une participation de 7%. L'analyste estime que statut quo reste le scénario le plus probable.

Lors de la conférence téléphonique qui a suivi la présentation des résultats, Arnaud Lagardère a lui-même déclaré qu' "absolument aucune décision n'a été prise à ce stade concernant la vente de ceci ou cela ou un changement de statut du groupe". Il s'est toutefois montré ouvert quant à l'abandon de la commandite, à condition que les tensions entre les actionnaires s'apaisent.