Lagardère (+1,77% à 20,72 euros) a obtenu gain de cause ce jeudi dans l'affaire qui l'oppose à ses deux actionnaires principaux, Vivendi (+0,46% à 26 euros) et le fonds Amber Capital. La cour d'appel de Paris a en effet confirmé aujourd'hui la décision du tribunal de commerce du 14 octobre dernier, qui avait rejeté la demande de ces derniers concernant la tenue d'une assemblée générale extraordinaire anticipée. Elle a également condamné Vivendi et Amber à verser 20 000 euros chacun de dédommagement à la société d'édition et de médias.

"Il n'est pas démontré que les demandes des sociétés Amber Capital et Vivendi tendent à des fins conformes à l'intérêt social et il convient de confirmer la décision qui les a rejetées", a indiqué la cour d'appel dans son arrêt.

Dans un très bref communiqué, Lagardère a salué la décision de la Cour d'Appel et a réitéré "son attachement à un dialogue actionnarial constructif dans l'intérêt du Groupe et de l'ensemble de ses parties prenantes".

De son côté, Vivendi a déclaré que cette décision était "anecdotique" pour le groupe, rapporte Reuters, citant un porte-parole de la société contrôlée par Vincent Bolloré. "Pour nous, que l'assemblée générale de Lagardère soit en février ou en mai ne change rien à la situation actuelle", a-t-il encore ajouté.

Vivendi et Amber Capital détiennent respectivement 26,7 et 20% du capital de Lagardère. Mais grâce au statut de commandite de sa société, Arnaud Lagardère bénéficie d'un droit de veto sur les décisions importantes alors qu'il ne détient que 7% du capital, poussant ses deux actionnaires principaux à intenter un recours en justice pour obtenir une représentation au conseil de surveillance et ainsi peser sur la stratégie du groupe.

Et selon Reuters, le fonds souverain du Qatar, troisième actionnaire de Lagardère avec 13% du capital, s'est lui aussi joint à la requête de Vivendi et Amber pour réclamer une représentation plus équitable des actionnaires.

Toujours selon l'agence de presse, l'affaire serait suivie de près par l'Elysée, qui redouterait la création d'un "Fox News à la française" en cas de rapprochement entre les activités médias de Vivendi et celles de Lagardère à l'approche des élections de 2022.

Pour rappel, l'été dernier, après la montée de Bernard Arnault au capital de Lagardère Capital & Management, la holding personnelle d'Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré, déjà propriétaire de CNews, avait proposé de racheter, en vain, Europe 1 pour 250 millions d'euros.

Valeurs citées dans l'article : Lagardère SCA, Vivendi SE, Bolloré SE