par Gwénaëlle Barzic et Gilles Guillaume

Le numéro trois mondial de la publicité, qui peine à relancer sa croissance après une série de pertes de contrats, met ainsi la main sur les données de dizaines de millions de consommateurs, nouveau Graal de la publicité auquel il est de plus en plus difficile d'accéder avec la montée en puissance des réglementations sur la protection des données privées. "Cette acquisition est un investissement très conséquent pour une entreprise de notre taille. Mais nous sommes convaincus que c'est le bon mouvement pour servir au mieux nos clients dans un monde où la data est au coeur de toutes les décisions et où le premier écran est devenu notre mobile", a expliqué le président du directoire Arthur Sadoun, cité dans un communiqué.

"C'est une opération qui doit nous aider à accélérer notre croissance organique", a-t-il ajouté dans un entretien téléphonique à Reuters.

La transaction vient à point nommé alors que le groupe a également fait état dimanche d'un nouveau recul de ses ventes au premier trimestre.

Publicis, dont la publication du chiffre d'affaires était initialement prévue pour mercredi, a annoncé une baisse organique de 1,8% de son chiffre d'affaires sur les trois premiers mois de l'année en données comparables, continuant de pâtir de l'érosion des dépenses d'une partie de ses clients en particulier en Amérique du Nord.

255 MILLIONS DE CONSOMMATEURS IDENTIÉS

Premier fait d'arme majeur pour le nouveau président du directoire Arthur Sadoun qui a succédé au charismatique Maurice Lévy en juin 2017, Epsilon est un spécialiste de la collecte de données clients et de la gestion de profils. L'acquisition de cette société, capable d'identifier aux Etats-Unis pas moins de 255 millions de consommateurs, doit permettre à Publicis de se développer à grande échelle sur ces métiers.

Le président du directoire de Publicis a précisé que le directeur général d'Epsilon, Brian Kennedy, entrera au comité exécutif du groupe français et qu'il conservera la direction d'Epsilon, "qui restera une entité à part au coeur du groupe".

Le montant de 4,4 milliards de dollars (3,89 milliards d'euros), payable en numéraire, correspond à un prix d'acquisition net de 3,95 milliards de dollars (3,49 milliards d'euros) après déduction des impacts fiscaux liés à la transaction et à un ratio de 8,2 fois l'Ebitda ajusté 2018.

L'acquisition devrait être relutive d'au moins 10% pour le bénéfice par action et le free cash flow par action dès 2020. Elle sera financée avec de la dette et une partie de la trésorerie disponible du groupe publicitaire. Sa finalisation est prévue au second semestre de 2019.

"On arrive avec un prix qui est extrêmement raisonnable, des multiples qui sont bas et une valeur immédiate pour l'actionnaire", a ajouté Arthur Sadoun.

Publicis signe ici sa plus grosse acquisition depuis le rachat de la société de conseil et de technologies Sapient pour 3,7 milliards d'euros en 2014 et poursuit sa diversification au-delà des métiers traditionnels de la création et de l'achats d'espaces.

La contre-performance du groupe a ravivé les craintes des investisseurs face à la conjonction de difficultés pesant sur le secteur: annonceurs plus exigeants sur les tarifs, Gafa archi-dominants dans la publicité en ligne et nouvelle concurrence des sociétés de conseil.

(Edité par Nicolas Delame)

par Gwénaëlle Barzic et Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : Publicis Groupe, Alliance Data Systems Corporation