(Actualisé avec sources sur l'avenir d'Uchida)

YOKOHAMA, Japon, 18 février (Reuters) - Le nouveau directeur général de Nissan, Makoto Uchida, a déclaré mardi qu'il accepterait d'être limogé s'il ne parvenait pas à redresser le deuxième constructeur automobile japonais, encore convalescent après l'éviction de Carlos Ghosn et fragilisé par le déclin de ses ventes.

Nissan a abaissé la semaine dernière de 43% sa prévision de bénéfice d'exploitation annuel, ajoutant une pression supplémentaire sur la nouvelle direction.

Makoto Uchida, 53 ans, s'exprimait pour la première fois devant les actionnaires de Nissan depuis sa prise de fonction en décembre dernier à la direction du groupe, dont il était auparavant le patron des activités en Chine.

Les actionnaires se retrouvaient pour une assemblée extraordinaire au siège de Yokohama afin de valider l'entrée en fonction de Makoto Uchida et la nomination de nouveaux dirigeants, parmi lesquels le directeur d'exploitation Ashwani Gupta.

Chahuté à plusieurs reprises par les actionnaires, dont certains ont demandé que Nissan diminue la rémunération de ses dirigeants ou propose une récompense pour ramener Carlos Ghosn au Japon après sa fuite au Liban, Makoto Uchida a déclaré qu'il était prêt à être démis de ses fonctions s'il ne parvenait pas à améliorer la rentabilité de Nissan.

"Nous veillerons à diriger l'entreprise de manière efficace qui sera visible pour les observateurs", a-t-il dit. "Voici à quoi je m'engage: si la conjoncture demeure incertaine, vous pourrez me licencier immédiatement."

Il n'a pas fixé de calendrier pour le redressement des performances de Nissan, dont l'action en Bourse a chuté à un plus bas de plus de 10 ans après le dernier abaissement de ses prévisions.

UN DIRIGEANT EN SURSIS ?

Makoto Uchida doit prouver au conseil d'administration qu'il peut accélérer la réduction des coûts et redresser les bénéfices du constructeur japonais, tout en montrant qu'il adopte la bonne stratégie pour rétablir les relations avec Renault, son partenaire d'alliance, ont dit des sources à Reuters en amont de cette assemblée extraordinaire.

D'après l'une de ces sources, le nouveau directeur général n'aura que quelques mois pour faire ses preuves.

"Parler de sursis est plus ou moins la bonne manière de décrire la situation dans laquelle se trouve Uchida, si ce n'est pas pire", a dit cette source. "Dans le pire des scénarios, on pourrait lui montrer la porte."

Nissan a "absolument" démenti que Makoto Uchida soit "en sursis".

Lors de l'assemblée générale extraordinaire de mardi, le nouveau directeur général a demandé aux actionnaires d'être patients "un peu plus longtemps" afin qu'il puisse établir un nouveau projet d'ici au mois de mai. "Vous pourrez sentir chaque jour que nous sommes en train de changer", a-t-il déclaré.

Makoto Uchida va aussi devoir surmonter les doutes sur sa capacité à assurer l'unité de l'équipe dirigeante.

Fin décembre, deux membres du conseil d'administration se sont entretenus avec le nouveau directeur général pour lui demander de consulter davantage ses deux principaux adjoints, Ashwani Gupta et Jun Seki, en insistant sur le fait qu'il avait été nommé à la tête du constructeur à condition de travailler en étroite relation avec ces deux hommes, ont dit deux sources.

Depuis, Jun Seki a démissionné pour prendre la présidence du fabricant de moteurs électriques Nidec Corp tandis que, selon deux sources, Ashwani Gupta s'est plaint en privé de sa difficile relation de travail avec Makoto Uchida.

D'après une source, le conseil d'administration ne tolérera pas des querelles au sommet ou des retards dans les prises de décision au sein de l'équipe dirigeante. (Naomi Tajitsu, avec Norihiko Shirouzu version française Jean Terzian et Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co., Ltd., Renault
Valeurs citées dans l'article : Renault, Nissan Motor Co., Ltd.