PARIS (Reuters) - Renault et Nissan sont en discussion pour dégager davantage de synergies dans les modules de batteries électriques, a dit mardi le directeur général de Renault lors d'une conférence, un test important pour l'avenir de l'alliance dans le contexte de la course à l'électrification des véhicules.

"Nous prenons actuellement beaucoup de décisions pour mettre des choses en commun (...) les modules de batteries, par exemple, constituent un de ces sujets dont nous discutons en ce moment même", a déclaré Luca de Meo lors de la conférence "Future of the car" organisée par le Financial Times.

"Si nous parvenons à une approche très synergétique sur les batteries, l'alliance sera probablement l'une des premières à franchir le seuil du million de voitures vendues avec le même module", a-t-il ajouté.

Les batteries sont depuis dix ans un point faible de l'alliance Renault Nissan en terme de synergies, avec d'un côté des modules longtemps développés plutôt en interne par le groupe japonais pour sa berline Leaf et de l'autre des éléments achetés au coréen LG pour la Renault Zoé.

Un travail commun sur ce segment constitue un test important pour faire taire les doutes sur l'avenir de l'alliance franco-japonaise, fragilisée en 2018 par la chute de l'homme qui l'a longtemps incarnée, Carlos Ghosn.

Les synergies de l'alliance peuvent aussi aider au redressement de Renault, qui a accusé une perte historique l'an dernier, et à celui de Nissan, qui a annoncé lui aussi mardi une perte annuelle record imputable au coronavirus et à la pénurie de composants électroniques.

Pour le groupe au losange, qui perd en Bourse 5,2% à 33,51 euros mardi à la mi-journée, l'impact négatif des résultats de Nissan au premier trimestre 2021 est chiffré à 73 millions d'euros.

"Nous travaillons maintenant sur les batteries de troisième génération, qui seront la batterie commune de l'alliance Renault, Nissan et Mitsubishi", a déclaré de son côté Ashwani Gupta, directeur général adjoint de Nissan, à la conférence organisée par le FT. "Si vous faites une batterie (...) avec la même chimie, la même structure, le même circuit d'approvisionnement, cela permet vraiment d'aller de l'avant."

Ashwani Gupta estime que cette nouvelle génération permettra d'abaisser le coût de la batterie à moins de 100 dollars le kWh. Ce seuil est important car, selon plusieurs études, c'est à partir de ce niveau qu'une voiture électrique devient aussi compétitive qu'un véhicule conventionnel à moteur thermique.

(Gilles Guillaume, édité par Blandine Hénault)

par Gilles Guillaume et Sarah White