Le fabricant des sacs Birkin et des "carrés" de soie a vu ses ventes totaliser 1,39 milliard d'euros, signant une hausse limitée à 3,1%, les effets de change défavorables liés à la hausse de l'euro face au dollar ayant eu un impact négatif de 104 millions d'euros sur le chiffre d'affaires.

Mais à taux de change constants, sa croissance a atteint 10,8% malgré une base de comparaison difficile (les ventes avaient grimpé de 11,2% un an plus tôt), dépassant largement les 8,7% attendus en moyenne par les analystes, après une hausse de 4,6% au quatrième trimestre 2017 et 8,6% sur l'ensemble de 2017.

"Hermès signe un très bon début d'année, avec une croissance équilibrée et peu d'effets de prix et de périmètre", a déclaré Axel Dumas, gérant d'Hermès, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.

"Le premier trimestre est au-dessus de notre objectif annuel", a-t-il ajouté.

Hermès continue de compter parmi les meilleures performances du luxe, dans un secteur dont la croissance organique est estimée aux alentours de 6% et qui voit se creuser l'écart entre "bons" et "mauvais" élèves.

Il n'enregistre toutefois pas les croissances explosives de Louis Vuitton, propriété de LVMH, dont les ventes ont décollé d'environ 16% au premier trimestre, ou de Gucci (Kering), dont la trajectoire hors norme s'est poursuivie avec un bond en avant de près de 50%.

SUCCÈS DU PRET-À-PORTER MASCULIN

Chez Hermès, l'accélération a été tirée par la division vêtements et accessoires, dont les ventes ont bondi de 17,1% grâce au succès du prêt-à-porter masculin et des chaussures.

Elle est aussi venue d'une très forte dynamique en Asie hors Japon (+16,4%), avec un très puissant moteur chinois et l'ouverture en janvier d'un nouveau magasin amiral à Hong Kong.

La maroquinerie, principale division du groupe, a signé une croissance plus limitée (+7,5%) mais en hausse par rapport au dernier trimestre de 2017 (+5,8%), alors que ses capacités de production montent en puissance.

"Notre capacité à grandir dans le cuir est liée aux embauches dans les manufactures (...) et chaque année la marche est plus haute. Nous faisons aussi très attention à la qualité des matières premières, car il ne s'agit pas de produire pour produire", a précisé Axel Dumas.

Il a confirmé que le groupe se fixait toujours pour objectif une croissance d'environ 8%, en volume, pour sa division phare.

Les "autres métiers" ont vu leurs ventes décoller de 23% grâce aux bijoux en or et à la haute joaillerie, tandis que les montres ont signé leur première hausse à deux chiffres depuis longtemps alors que l'industrie horlogère retrouve des couleurs.

Après des chiffres jugés solides par les analystes, le titre Hermès était stable à 9h44, à 542 euros, alors que l'indice SBF120 cédait 0,24%.

Après une progression de 21,4% depuis le début de l'année, il se traite sur des multiples de valorisation qui demeurent de loin les plus élevés du secteur (39,9 fois les résultats estimés pour 2019, contre 22,9 fois pour LVMH et 21,8 fois pour Kering).

"La valorisation d'Hermès reflète la solidité de son modèle, l'attractivité de sa marque et la qualité inégalée de ses savoir-faire", estiment les analystes de Raymond James.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis