Le sellier, qui a une nouvelle fois signé une des meilleures croissances du secteur en 2015, n'a pas retrouvé, en France, le niveau de flux touristiques d'avant les attentats de novembre 2015, a déclaré mercredi son gérant, Axel Dumas, lors d'une conférence.

A l'inverse, les touristes sont revenus en Italie et au Royaume-Uni.

L'année 2016 sera "compliquée", avec la volatilité des marchés boursiers et des changes, le ralentissement de la croissance chinoise, le dollar fort et les attaques terroristes répétées en Europe, a averti le dirigeant du groupe.

Prudent, Hermès a confirmé que sa croissance organique pourrait être inférieure à son objectif à moyen terme de 8% en raison des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires.

"L'année sera sportive. Mais le cheval, contrairement à l'automobile, ne contourne pas l'obstacle, il le franchit", a lancé Axel Dumas faisant allusion aux racines équestres du groupe.

Bien que plus exposé que ses concurrents au marché français, où il réalise 15% de ses ventes, contre une moyenne de 8% pour ses concurrents LVMH ou Kering, Hermès est parvenu à boucler l'exercice 2015 sur une croissance organique de 8%, nettement supérieure à celle de ses pairs.

Son résultat opérationnel a grimpé de 19% à 1,54 milliard d'euros, dépassant les 1,53 milliard du consensus Thomson Reuters I/B/E/S, et sa rentabilité a progressé de 0,3 point à 31,8%. Le groupe avait prévu une marge en retrait du fait de l'impact dilutif des parités de changes.

RIGUEUR

En période troublée, il faut une "gestion saine et rigoureuse" et avoir la "capacité à s'ajuster", selon Axel Dumas.

Les investissements opérationnels et financiers ont reculé à 267 millions d'euros, contre 322 millions un an plus tôt, le budget publicitaire a été ramené à 4,4% des ventes (contre 5,0%) en l'absence de lancement de nouveau parfum, et les frais généraux ont reculé à 24,9% des ventes, contre 26,3%.

Ces chiffres ont été salués à la Bourse de Paris, où le titre Hermès gagnait 2,46% à 319,00 euros à 12h44, alors que le SBF120 avançait de 0,59%. La valeur se traite sur des multiples de 28,8 fois les résultats estimés pour 2017, contre 16,6 fois pour LVMH ou 15,7 fois pour Richemont.

Cette prime demeure justifiée aux yeux des analystes, compte tenu de la capacité de résistance et de la surperformance du groupe liée à un positionnement unique - mêlant maroquinerie ultra haut de gamme et vaste gamme de produits plus accessibles - et à un pilotage de la rareté, la demande excédant toujours l'offre.

Pour diminuer les écarts de prix existants entre l'Europe et l'Asie, Hermès a relevé ses tarifs de 3,5% à 4,0% en Europe en janvier, comme l'an dernier, tandis qu'il ne les a pas modifié en Chine.

Le groupe poursuivra en 2016 son rythme d'ouvertures de magasins. Après trois nouvelles boutiques en 2015, il compte en ouvrir quatre cette année, en Chine, au Brésil, à l'aéroport de Hong Kong et à Macao.

Le résultat net consolidé affiche une hausse de 13,2% à 973 millions d'euros (consensus de 998 millions) et le dividende proposé est augmenté de 13,5% à 3,35 euros.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : HERMES INTL, LVMH, KERING, Compagnie Financiere Richemont SA