En s'appuyant sur des banquiers d'affaires à Francfort, Wirtschaftswoche rapporte que la baisse de la valeur boursière de Deutsche Bank, dont la capitalisation est passée sous les 20 milliards d'euros après trois pertes annuelles consécutives, a éveillé l'attention de certaines de ses concurrentes.

Le magazine allemand, citant des sources au gouvernement du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, affirme aussi que la chancelière fédérale Angela Merkel a rencontré mardi Axel Weber, ancien président de la Bundesbank et désormais président du conseil de surveillance d'UBS, pour lui demander son avis sur la situation de Deutsche Bank.

JPMorgan, dont la capitalisation est de 353 milliards de dollars (301,5 milliards d'euros), a démenti être intéressée par Deutsche Bank tandis que le gouvernement allemand s'est dit stupéfait des affirmations de Wirtschaftswoche quant au contenu de la discussion entre Angela Merkel et Axel Weber.

"C'est purement spéculatif et ne peut pas être confirmé", a dit Steffen Seibert, porte-parole d'Angela Merkel, lors de sa conférence de presse régulière.

Deutsche Bank a refusé de s'exprimer sur le sujet.

UBS n'avait pas de commentaire à formuler dans l'immédiat. Il n'a pas été possible de joindre ICBC, valorisé 274 milliards de dollars en Bourse.

DOUTES SUR LA STRATÉGIE DE SEWING

Les affirmations de Wirtschaftswoche font grimper le titre Deutsche Bank de 4,76% à 9,975 euros à 10h20 GMT en Bourse de Francfort.

La nomination début avril d'un nouveau président du directoire n'a pas permis d'enrayer la baisse régulière du cours de Bourse de Deutsche Bank, tombé à 8,76 euros le 27 juin.

Les investisseurs restent sceptiques quant à la capacité de ce nouveau patron, Christian Sewing, à assurer le retour du groupe à la rentabilité. Dès son arrivée, Christian Sewing a décidé un virage stratégique consistant à réorienter Deutsche Bank vers l'Europe tout en réduisant nettement les activités de banque d'investissement dans le monde.

Sa tâche a été compliquée par des abaissements de la note de crédit de Deutsche Bank, dont la filiale américaine a en outre échoué aux tests de la Réserve fédérale sur sa capacité à résister à une crise financière.

D'après Wirtschaftswoche, l'intérêt pour Deutsche Bank est aussi nourri par la perspective du Brexit. Les grandes banques internationales dont les activités européennes sont basées à Londres doivent trouver un nouveau siège au sein de l'UE et elles pourraient renforcer leur présence à Francfort, capitale financière de l'Allemagne, où se trouve aussi le siège de la Banque centrale européenne (BCE).

(Douglas Busvine, avec Hans Seidenstücker, Oliver Hirt, Gernot Heller, Engen Tham et Joseph Nasr; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)