Numéro un mondial du luxe, le groupe LVMH est surtout connu pour ses marques prestigieuses, au premier rang desquelles Louis Vuitton, Moët Hennessy, Kenzo, Dior, Berlutti et tant d'autres. Comme l'indique son site Internet, il exerce aussi d'« autres activités » : en 2006, LVMH a réalisé un peu plus de 100 millions d'euros de ventes - sur un chiffre d'affaires de plus de 15 milliards - dans les médias, par l'intermédiaire de D. I. Group. D. I, pour « Desfossés International », est une filiale acquise par LVMH en 1993. Elle regroupe le deuxième quotidien économique français, La Tribune, l'hebdomadaire Investir, Connaissance des Arts, Radio Classique et une maison d'éditions, Arléa.

Actionnaire majoritaire et PDG de LVMH, Bernard Arnault est donc aussi un patron de presse. Et il entend bien le rester : en juin dernier, des informations relayaient l'intérêt de LVMH pour le concurrent direct de la Tribune : Les Echos, le numéro un du secteur. LVMH confirme l'information le 12 juillet, se déclarant en « négociations exclusives » jusqu'à fin novembre avec le britannique Pearson, propriétaire des Echos. LVMH propose 240 M€, alors que l'entreprise a réalisé moins de 130 M€ de chiffre d'affaires en 2006.

Il est vrai que Les Echos dégagent « plus de 10% de marge nette depuis des années », selon sa Société des Journalistes, alors que La Tribune a perdu 18 M€ l'an dernier sur un chiffre d'affaires de 48 millions. La Tribune n'est pas à même d'assurer son indépendance sans le secours financier - jusqu'alors indéfectible - de son actionnaire. Pour des raisons de concurrence, LVMH ne peut garder les deux quotidiens économiques. Cela tombe bien : Bernard Arnault n'a pas l'intention de garder la Tribune.

Les rédactions des deux journaux se sont élevées avec force contre cette opération, allant jusqu'à solliciter des acquéreurs potentiels. Quelques repreneurs sont intéressés, dont Fimalac, concurrent le plus sérieux de LVMH.

Début septembre, Arnault a invoqué alors une botte secrète : les termes de l'accord par lequel LVMH et Pearson sont entrés en négociations exclusives interdiraient au groupe britannique d'étudier une autre offre jusqu'à son terme - soit fin novembre. Tout cela est à mettre au conditionnel, car l'accord n'est pas rendu public. Les instances du personnel des Echos en profitent pour faire durer la procédure de cession aussi longtemps que possible. Par exemple jusqu'à expiration de l'accord en question. A suivre...


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