Séquestration du PDG, occupation des bateaux de la flotte, blocage du port de Marseille... On garde en mémoire le long et dur bras de fer qui avait opposé fin 2005 le gouvernement de Dominique de Villepin et une partie des salariés de la SNCM, concernant le projet de privatisation totale de l'ancienne Compagnie générale transméditerranéenne, créée en 1969.

Devant la pression des grévistes et le risque de mise en cessation de paiement de la compagnie, le principe d'un désengagement partiel de l'Etat avait finalement été retenu et validé par la Commission Européenne en mai 2006.

Associés à Veolia Transport (28%), à l'Etat français (25%) et au personnel (9%), le fond de Walter Butler entrait alors à hauteur de 38% dans le capital de la SNCM.

Bénéficiant de près de 160 millions d'euros de subventions (dont 35 millions pour financer un plan social), les deux investisseurs privés avaient alors versé une trentaine de millions d'euros pour prendre le contrôle de la compagnie dont les actifs étaient en outre estimés à 280 millions d'euros.

L'ancien énarque Walter Butler fonde sa société d'investissement en 1991 après avoir découvert le capital-risque chez Goldman Sachs aux Etats-Unis. Aujourd'hui, Butler Capital Partner détient des participations dans une dizaine de groupe, parmi lesquels Virgin Megastore (racheté à Lagardère) ou le club du PSG.

La SNCM est la toute dernière cession de l'homme d'affaires américano-brésilien.

Le placement s'est avéré rentable
Si elle a vu son chiffre d'affaires progresser de 20% en l'espace de deux ans, la Société Nationale Corse Méditerranée n'a pu afficher qu'un résultat très légèrement positif l'année dernière, loin de l'objectif des 15 millions d'euros de résultat net.

Et l'impact sur le tourisme du ralentissement de l'activité économique qui touche l'ensemble du secteur maritime ne va pas simplifier les choses.

En revendant ses 38% à Veolia pour un montant estimé à 73 millions d'euros, l'ancien conseiller de François Léotard au Ministère de la Culture réalise donc une juteuse et opportune plus-value.