En dépit de profits et d’un objectif de revenus une nouvelle fois bien supérieurs aux attentes, Nvidia (-3,43% à 482,31 dollars) enregistre l’une des plus fortes baisses de l’indice S&P 500. Depuis le début de l’année, l’action du spécialiste des puces pour des applications d'intelligence artificielle affiche une progression de 230%. Certains analystes, à l’image de Deutsche Bank s’inquiètent du caractère durable de la dynamique actuelle. L’anticipation de ventes plus faibles en Chine jette également une ombre sur cette publication.

Pour autant, UBS "pense qu'il est encore trop tôt pour descendre de ce train, d'autant plus que Nvidia devient la plate-forme mondiale de facto pour ce qui pourrait être l'une des technologies les plus transformatrices de notre vie (l'IA)".

Au troisième trimestre, clos fin octobre, Nvidia s'est une nouvelle fois joué du consensus. La firme technologique a vu son bénéfice net s'envoler de 1259% à 9,2 milliards de dollars, soit 3,71 dollars par action. Le bénéfice par action ajusté a largement dépassé les attentes à 4,02 dollars, le marché visant seulement 3,36 dollars. Ses revenus ont bondi de 206% à 18,12 milliards de dollars, laissant dans la poussière le consensus de 16 milliards de dollars.

Nvidia a bénéficié du succès de ses produits pour les centres de données, qui profite de l'essor de l'intelligence artificielle. Leurs revenus ont explosé de 279% à 14,51 milliards de dollars.

Non seulement les bénéfices ont nettement dépassé les attentes, mais Nvidia a aussi dévoilé des perspectives favorables. Le groupe cible en moyenne 20 milliards de dollars de ventes, là où le marché anticipe 17,9 milliards de dollars. Pour autant, comme le signale Bloomberg, certains analystes les plus optimistes anticipaient jusqu'à 21 milliards de chiffre d'affaires.

Si Deutsche Bank qualifie cette dynamique de court terme "d'impressionnante", il prévient que "l'incertitude des investisseurs quant à la durabilité de cette croissance restera probablement un risque persistant".

L'épée de Damoclès chinoise

D'autant que Nvidia doit composer avec les nouvelles restrictions américaines dans le secteur technologique. Colette Kress, la directrice financière du groupe technologique, a précisé que les ventes aux pays touchés par ces restrictions ont contribué de manière constante à environ 20-25% du revenu des centres de données au cours des derniers trimestres.

Elle s'attend à ce que ses ventes vers ces destinations diminuent de manière significative au quatrième trimestre de l'exercice fiscal 2024, même si elle pense que cette baisse sera plus que compensée par une forte croissance dans d'autres régions.

"Nous travaillons cependant à l'élargissement de notre portefeuille de produits pour centres de données afin d'offrir éventuellement de nouvelles solutions conformes à la réglementation et ne nécessitant pas de licence", a précisé Colette Kress lors de la conférence avec les analystes. Avant de préciser que si "ces produits pourraient être disponibles dans les mois à venir", leur contribution ne devrait pas être "matérielle ou significative en pourcentage du revenu au quatrième trimestre".