Il y a tout juste un mois, nous vous confiions qu'Icahn venait de monter à hauteur de 11% dans le capital de Take-Two. Comme toujours avec l'ami Carl, l'opération sentait la poudre et on se dirigeait lentement mais sûrement vers un "proxy contest", une bataille pour les sièges d'administrateurs.

L'actuel président du conseil d'administration, Strauss Zelnick a coupé court aux rumeurs et déçu les amateurs de pugilats juridico-financiers. Plutôt que de sonner le tocsin, il préfère se plier à la volonté du remuant Carl.

Zelnick, ancien patron de la 20th Century Fox, va nommer trois protégés d'Icahn au conseil : le propre fils de du financier, Brett Icahn, l'ancien directeur financier d'Atari, Sunghwan Cho et un des directeurs d'Icahn Entreprises, James L. Nelson. La "team" Icahn occupera donc près de la moitié des sièges du conseil d'administration (3 sur 8 au total).

Du coup, trois des membres du conseil, dont l'actuel Pdg Ben Feder, ont accepté de renoncer en avril prochain à leur siège. Feder devrait toutefois rester en place à la direction opérationnelle.

En fait, selon les proches de l'affaire contactés par le Los Angeles Times, Zelnick n'aurait eu guère le choix. Plusieurs actionnaires majeurs du groupe auraient manifesté leur grogne et la position de Zelnick et des dirigeants opérationnels de Take-Two aurait été menacée lors de la prochaine assemblée générale annuelle.

Icahn, mains libres et bouche cousue
D'ailleurs, l'accord prévoit quelques garde-fous pour Zelnick et consorts. Pour négocier son entrée, Icahn a dû s'engager à entériner le nouveau board, à ne soutenir aucun autre candidat lors de la prochaine assemblée générale et à garder sa langue dans sa poche en évitant de dénigrer l'entreprise ou son management.

On comprend que l'arrivée d'Icahn soit plutôt une bonne nouvelle pour les actionnaires. Sur son denier exercice, Take-Two a concédé une perte de 137,9 millions de dollars et le groupe se trouve plus atteint que ses concurrents par la crise économique, n'ayant pas su trouver de relai de croissance fiable à son jeu phare, Grand Theft Auto.

En outre, Zelnick n'est plus vraiment l'ami des actionnaires depuis qu'il a refusé de vendre le groupe à Electronic Arts, qui proposait en 2008 la bagatelle de 2 milliards de dollars pour en prendre le contrôle. Depuis, la capitalisation boursière de Take-Two est tombée à 781 millions.

Si Carl Icahn peut apparaître comme un homme providentiel pour les investisseurs, les visées de l'activiste dans cette affaire sont plus obscures. L'entreprise ne va pas particulièrement bien et les conditions de marché en vigueur écartent à peu près toute hypothèse de rachat à court ou moyen terme.

Interrogé, Icahn répond : "je crois fermement dans le potentiel de développement à long terme de l'entreprise". On peut le croire. Ou pas...