(Actualisé avec précisions et déclarations de Messina)

MILAN, 6 février (Reuters) - Intesa SanPaolo s'est engagée mardi à réduire de moitié ses créances douteuses d'ici 2021, son "seul point faible", et à augmenter fortement son produit net bancaire (PNB) tout en réduisant ses coûts, dans le cadre d'un plan sur quatre ans pour consolider sa place de numéro un du secteur bancaire italien.

Première parmi les banques italiennes à avoir diversifié son activité, au-delà de la distribution de crédit, Intesa a créé un nouveau modèle fondé sur la gestion d'actifs et l'assurance.

L'administrateur délégué Carlo Messina a annoncé mardi que la banque chercherait à conclure un partenariat avec un acteur global dans la gestion d'actifs cette année, tout en gardant une participation majoritaire dans cette activité.

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, dictée selon lui par la "forte pression réglementaire", Intesa va céder 26 milliards d'euros de prêts à risque et ramener son ratio de créances douteuses de 11,9% à 6% de ses encours de crédit fin 2017.

"Si vous voulez être une banque de premier plan, vous devez montrer au régulateur que vous pouvez prendre des mesures rapides et radicales pour régler un problème", a dit Carlo Messina, ajoutant que ce plan stratégique était "une solution claire au seul point faible de la banque".

Cela rapprocherait Intesa de la moyenne européenne (5,5%) alors que ce ratio est en moyenne de 16% pour les banques italiennes. En comparaison, sa concurrente UniCredit vise pour 2019 un ratio de créances douteuses de 7,8%.

L'administrateur délégué a confirmé que la banque, qui jusqu'à présent pariait sur un recouvrement progressif de ses créances douteuses, placerait ses activités de recouvrement de dette au sein d'une nouvelle entité, pour laquelle elle envisage un partenariat afin d'en renforcer l'efficacité.

Elle va passer une charge pour dépréciation d'actifs de 4,1 milliards d'euros avant impôt sur le premier trimestre, essentiellement sur ses prêts à risque.

Après avoir passé ces charges, son ratio de fonds propres "core" passerait à 13%, son objectif visé à l'horizon 2021.

Le changement de stratégie a été dévoilé en janvier, avec une information selon laquelle des discussions étaient ouvertes avec le suédois Intrum Justitia pour une éventuelle cession de son activité de recouvrement de créances et d'un portefeuille de prêts non performants.

Carlo Messina a confirmé ces négociations et annoncé mardi qu'une décision à ce sujet serait prise dans le mois à venir.

Intesa vise un bénéfice net de six milliards d'euros en 2021, contre 3,8 milliards en 2017, avec une croissance annuelle de 4% de son bénéfice d'exploitation.

Cela porterait son rendement des fonds propres (ROE) à 12,4% en 2021 contre 7,9% l'an dernier.

La banque italienne, qui a reversé à ses actionnaires 10 milliards d'euros de dividendes sur la période 2014-2017, prévoit de consacrer 85% du bénéfice de cette année au dividende avant de ramener progressivement ce ratio à 70% en 2021.

Elle se dit prête à envisager un partenariat en Chine afin d'y développer son activité de gestion de fortune.

L'action a gagné 0,66% à 3,10 euros à Milan mardi, alors que l'indice Stoxx européen du secteur bancaire a cédé 2,87% dans un contexte de baisse généralisée des marchés d'actions. (Valentina Za, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : UniCredit SpA, Intrum Justitia AB, Intesa Sanpaolo