"Vous pouvez imaginer qu'avant 2022, je cesserai d'être CEO (directeur général) de Renault", a dit Carlos Ghosn au Financial Times, dans un article publié à la veille de l'assemblée générale du groupe. Il pourrait à ce moment-là ne conserver que la présidence non exécutive du groupe au losange.

Ce sujet est au coeur des discussions entre l'homme fort de Renault et de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, et son principal actionnaire l'Etat français, sur la manière de préparer la succession du PDG et de consolider le trio franco-japonais une fois que Carlos Ghosn aura pris sa retraite.

Il a déjà abandonné l'an dernier la direction opérationnelle de Nissan à un CEO et s'est contenté de la présidence de Mitsubishi lors de la prise de contrôle de ce dernier.

En revanche, s'il avait promis en janvier de faire de même chez Renault, il est resté président et directeur général lors de l'annonce de la nomination d'un numéro deux, Thierry Bolloré.

"La nomination de Thierry Bolloré comme directeur général adjoint, et non directeur général délégué, ne répond pas à la question importante de la séparation des pouvoirs de direction chez Renault alors que cela a été mis en place chez Nissan en 2017", a souligné la société de gestion de portefeuille Phitrust dans un communiqué publié mardi en prévision de l'AG de Renault.

Carlos Ghosn, âgé de 64 ans, est directeur général de Renault depuis 2005, et PDG depuis 2009.

En février dernier, une source gouvernementale avait dit à Reuters que l'Etat français souhaitait qu'un accord sur une feuille de route pour préparer sa succession et la consolidation future de l'alliance soit trouvé avant le rendez-vous annuel de la Porte-Maillot.

Mais, sauf annonce à l'AG, Carlos Ghosn avance à pas comptés tant le sujet est complexe et sensible à Paris comme à Tokyo.

Interrogé sur la perspective d'une fusion entre Renault et Nissan pour consolider l'alliance, il avait répondu fin mai lors d'une conférence à Paris: "Je ne pense pas que cela va être réglé en un an, je ne pense pas que c'est un sujet pour le court terme, mais c'est quelque chose sur lequel nous devons apporter une solution."

L'Etat français s'apprête à voter vendredi en faveur du nouveau mandat de Carlos Ghosn après qu'il a accepté de réduire de 30% environ sa rémunération pour 2018. En revanche, selon des sources, les représentants de l'Etat ont informé le conseil d'administration qu'ils s'opposeraient à la rémunération du PDG pour 2017.

Selon ces sources, les retours préliminaires des investisseurs suggèrent une majorité sur le fil du rasoir.

Un porte-parole de Renault a refusé de faire un commentaire.

A 10h50, le titre gagnait 0,6% à 84,11 euros alors que l'indice CAC 40 reculait de 0,4%.

(Avec Laurence Frost et Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume