"Mon obsession, c'est que cette alliance décolle en 2020", a dit Jean-Dominique Senard sur France Inter. "Si en 2020, nous n'arrivons pas à enclencher l'extraction louable et vertueuse de tout le potentiel de cette alliance, je considérerais que j'aurais fait, avec les équipes, un échec."

Ebranlée depuis fin 2018 par la chute de son homme fort Carlos Ghosn, qui attend son procès au Japon pour des malversations financières qu'il récuse, l'alliance peine aussi à suivre les objectifs ambitieux de ventes de l'ère Ghosn.

Nissan a prévenu en mai qu'il accuserait sur l'exercice en cours son plus mauvais résultat en 11 ans à cause notamment d'une politique de remises trop généreuse aux Etats-Unis. Renault, à son tour, a révisé jeudi à la baisse ses objectifs annuels.

"Je remercie les équipes qui dans le monde entier se battent dans un contexte compliqué, mais c'est vrai que la rentabilité de cet ensemble est légèrement inférieure à ce qu'on avait anticipé il y a quelque temps", a dit le président de Renault.

Le constructeur automobile français, qui a également entrepris de réévaluer les objectifs du dernier plan stratégique de Carlos Ghosn - plus de 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires et plus de 7% de marge opérationnelle d'ici 2022 - recherche également un nouveau directeur général pour remplacer Thierry Bolloré, écarté dix jours plus tôt.

Prié de dire si le nouveau numéro deux du groupe au losange serait français, Jean-Dominique Senard a répondu: "Tout est ouvert, il n'y a aucune espèce de restriction liée à la nationalité."

SUR FCA, NE JAMAIS DIRE JAMAIS

Le président de Renault a redit que le projet de rapprochement avec Fiat Chrysler, avorté en juin, n'était pas sur la table aujourd'hui mais qu'il ne faut "jamais dire jamais". Sur un rééquilibrage à la baisse de la participation de Renault dans Nissan, actuellement de 43,4%, il a répondu: "Il ne faut jamais exclure quoi que ce soit (mais) le sujet n'est pas là."

"Le sujet c'est de faire en sorte que cette alliance se renforce sur le plan industriel", a-t-il dit. "Renault est une entreprise mondiale à racines françaises, et elle le restera, mais elle ne peut pas vivre seule."

Martin Vial, commissaire aux participations de l'Etat, a déclaré de son côté sur BFM Business que l'objectif de l'alliance était de renforcer industriellement l'alliance. "Le reste, se sont des moyens", a-t-il ajouté, en réponse à une question sur la perspective d'une fusion entre les deux groupes.

L'Etat français détient une participation de 15% dans le capital de Renault.

L'industrie automobile est confrontée à une révolution sans précédent avec un nouveau durcissement en 2020 des normes européennes d'émissions de CO2 et la disgrâce croissante des moteurs diesel et essence.

Dans ce contexte, qui contraint les constructeurs à accentuer les économies d'échelle pour pouvoir investir dans une large palette de motorisations, Jean-Dominique Senard a annoncé l'arrivée des deux premiers véhicules à pile à combustible au catalogue Renault, la fourgonnette Kangoo et le grand fourgon Master.

L'hydrogène est à ce jour peu représenté dans l'offre électrique du groupe au losange, largement dominée par des modèles à batteries rechargeables sur le secteur.

(Avec Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André, Matthieu Protard, Sarah White et Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume