TOKYO, 7 avril (Reuters) - Le parquet de Tokyo a demandé aux juges d'auditionner Carole Ghosn, la femme de Carlos Ghosn, après la nouvelle arrestation de l'ancien président de Nissan pour des soupçons d'enrichissement personnel au détriment du constructeur automobile japonais, rapporte dimanche NHK.

Selon la chaîne de télévision publique, les procureurs soupçonnent Carlos Ghosn d'avoir fait transiter une partie des sommes qu'il aurait détournées via une société dont sa femme Carole est l'une des dirigeantes, cela afin d'acheter un yacht et un bateau.

Carlos Ghosn a de nouveau été arrêté jeudi matin par les procureurs de Tokyo, qui l'accusent d'avoir violé ses obligations professionnelles et d'avoir causé à Nissan des pertes financières de cinq millions de dollars (4,45 millions d'euros) entre décembre 2015 et juillet 2018.

Cette nouvelle détention de l'ancien PDG de Renault serait en lien avec des paiements suspects effectués à un partenaire commercial de l'alliance Renault-Nissan à Oman, au Moyen-Orient.

Ghosn a qualifié son arrestation de "révoltante et arbitraire" et a demandé l'aide du gouvernement français, lequel a appelé samedi le Japon à respecter la présomption d'innocence et les droits de l'homme d'affaires franco-libano-brésilien.

Les procureurs ont demandé à Carole Ghosn de se présenter à un interrogatoire comme témoin, une requête qu'elle a refusée, rapporte NHK, ce qui les a incités à solliciter les juges pour procéder à cet interrogatoire.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du parquet de Tokyo.

Décrivant la nouvelle arrestation de son mari dans un entretien au Journal du Dimanche, Carole Ghosn déclare avoir refusé de suivre les procureurs lorsque ceux-ci se sont rendus jeudi au domicile du couple.

"Quand ils ont voulu me faire signer un mandat en japonais, j'ai refusé. Puis ils ont voulu m'emmener avec eux. Sur le conseil de mon avocat, j'ai refusé", raconte-t-elle.

Carole Ghosn, qui dit ne pas se sentir soutenue par la France, en "appelle du président de la République" Emmanuel Macron, auquel elle a écrit. "Peut-être que les autorités font quelque chose mais moi, je ne vois rien", dit-elle au JDD.

La détention de Carlos Ghosn a été approuvée jusqu'au 14 avril par le tribunal du district de Tokyo. Les procureurs pourront ensuite demander une détention supplémentaire de dix jours, après quoi ils devront l'inculper ou le libérer. (avec Yuka Obayashi; Jean Terzian pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co Ltd, Renault