La confirmation à son poste d'Hiroto Saikawa, autrefois protégé du président déchu de Nissan, Carlos Ghosn, sera sans doute perçu comme un revers pour le constructeur français.

Ce dernier plaidait en effet pour un renouvellement de l'équipe dirigeante avant d'entamer des discussions de fusion entre les deux groupes, ont déclaré à Reuters plusieurs sources au sein des deux groupes.

Hiroto Saikawa, qui s'oppose à une intégration complète, est considéré comme un obstacle à ce rapprochement, ont rapporté également des sources à Reuters.

Les résultats médiocres de Nissan, depuis l'arrestation de Carlos Ghosn en novembre au Japon pour des soupçons de malversations financières, ont suscité l'inquiétude du groupe au losange.

Les analystes estiment que la réduction de 30% du dividende que Nissan prévoit cette année pèsera à hauteur de quelque 130 millions d'euros sur le bénéfice de Renault.

Nissan a par ailleurs annoncé vendredi la nomination du directeur général de Renault, Thierry Bolloré, au conseil d'administration, où il rejoindra le président du groupe au losange, Jean-Dominique Senard.

Ces nominations seront soumises à l'approbation de l'assemblée générale des actionnaires en juin.

L'avenir de Hiroto Saikawa et la composition du conseil d'administration du groupe faisaient depuis plusieurs mois l'objet de nombreuses spéculations.

Nissan, qui tourne difficilement la page de la crise provoquée par la disgrâce Carlos Ghosn, a déclaré cette semaine prévoir une chute de 28% de son bénéfice opérationnel à 230 milliards de yens (1,9 milliard d'euros) sur l'exercice qui s'achèvera en mars 2020.

ONZE SIÈGES AU CONSEIL

Nissan a également annoncé que le nombre de sièges de son conseil d'administration passerait de huit à 11 et que sept seraient réservés à des administrateurs indépendants.

La composition du conseil d'administration de Nissan a de vastes implications pour l'alliance Nissan-Renault et la relation entre les deux groupes, jugée déséquilibrée par le constructeur nippon, est depuis longtemps une source de friction.

Renault possède 43,4% du capital de Nissan, qui détient pour sa part 15% du groupe français mais sans droits de vote. Le contrôle de Nissan par Renault est toutefois encadré par un pacte d'actionnaires signé en 2015 après la crise des droits de vote doubles attachés à la propre participation de 15% de l'Etat français dans Renault.

L'arrestation de Carlos Ghosn en novembre au Japon et son éviction de la présidence de Nissan a pesé sur les relations entre le constructeur japonais et Renault, qui l'a maintenu à sa tête pendant deux mois de plus.

Carlos Ghosn a été libéré sous caution et attend son procès à Tokyo où il doit répondre d'accusations de malversations financières, qu'il nie farouchement.

Le titre Nissan a terminé en baisse de 0,85% à la Bourse de Tokyo. A 10h20, le titre Renault cède 1% à 51,48 euros à la Bourse de Paris.

(Naomi Tajitsu; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Maki Shiraki et Naomi Tajitsu