Le constructeur automobile nippon s'attend désormais à une chute de 45% de son bénéfice d'exploitation sur l'exercice fiscal en cours clos en mars à 318 milliards de yens (2,53 milliards d'euros) contre une prévision antérieure de 450 milliards de yens en raison de dépenses liées à des extensions de garanties aux Etats-Unis, son principal marché.

Nissan a aussi abaissé son objectif de résultat à 319 milliards de yens contre 410 milliards précédemment.

Dans un communiqué, Nissan dit que ses ventes ont été affectées dans la foulée de l'arrestation de son ancien président Carlos Ghosn, ce qui a contribué à une baisse des profits au plus bas depuis l'exercice clos en mars 2010.

Il s'agit de la deuxième révision en baisse du bénéfice d'exploitation annoncé cette année par le constructeur dont le directeur général Hiroto Saikawa tente de tirer un trait sur l'héritage Carlos Ghosn en refondant la gouvernance et en tentant de rééquilibrer les rapports avec Renault, son principal actionnaire.

Nissan, qui doit annoncer ses résultats annuels le 14 mai, va provisionner 66 milliards de yens pour couvrir les frais liés à l'extension de la garantie de son système de transmission à variation continue installé sur environ trois millions de berlines Sentra et Altima et les mini citadines Versa produites entre 2012 et 2017 pour le marché américain.

L'extension de garantie de cinq à sept ans sur cet équipement fait suite à des plaintes selon lesquelles il produit des bruits et des vibrations excessifs en vieillissant.

LES CLIENTS HÉSITENT DEPUIS L'AFFAIRE GHOSN

La baisse des profits constitue un casse-tête pour Nissan depuis la première arrestation de Carlos Ghosn en novembre dernier.

Libéré le 6 mars contre le versement d'une caution de neuf millions de dollars (7,9 millions d'euros) après 108 jours de détention au Japon, Carlos Ghosn a de nouveau été arrêté le 4 avril sur ordre du parquet de Tokyo.

Il a été inculpé lundi d'abus de confiance aggravé, sa quatrième inculpation depuis le début des procédures judiciaires engagées à son encontre. Le président déchu de Nissan, qui rejette toutes les accusations portées contre lui, pourrait connaître ce mercredi si sa libération sous caution a été acceptée.

Nissan estime que l'arrestation de Ghosn a pénalisé ses activités.

"Tous les jours, de nombreux articles font état de cette affaire", a déclaré mercredi le directeur financier de Nissan, Hiroshi Karube, faisant référence au dossier Ghosn.

"Les clients non-Nissan hésitent à acheter nos voitures."

RÉSULTATS DÉCEVANTS AUX USA

Le principal frein aux activités de Nissan provient cependant de sa politique d'offres promotionnelles aux Etats-Unis dont le groupe peine à se débarrasser.

Cette politique est menée depuis plusieurs années pour gagner des parts de marché et écouler des modèles comme le SUV Rogue et les berlines Altima, Carlos Ghosn ayant fixé à l'époque des objectifs ambitieux au constructeur aux Etats-Unis.

Hiroto Saikawa, qui a pris ses fonctions de directeur général de Nissan en 2017, s'est engagé à se concentrer sur l'amélioration de la marge bénéficiaire, mais cet engagement tarde à se mettre en place au regard de la poursuite des offres promotionnelles du constructeur.

"Les volumes de vente ont été inférieurs aux prévisions, nous n'avons donc pas pu mettre en oeuvre nos projets de réduction de coûts", a déclaré le directeur financier, ajoutant que les résultats décevants aux Etats-Unis amputeraient de 43 milliards de yens le bénéfice net du groupe sur l'exercice annuel clos fin mars.

"Nous n'avons pas progressé autant que prévu sur les volumes et la politique d'offres promotionnelles", a-t-il ajouté.

Les analystes estiment les problèmes de Nissan pourraient affecter l'équilibre avec son partenaire Renault qui souhaite une fusion plus prononcée à laquelle nombre de dirigeants de Nissan s'y opposent.

"Pour maintenir sa posture contre des liens plus étroits avec Renault, Nissan doit améliorer ses performances financières pour pouvoir conserver sa position", a déclaré Satoru Takada, directeur général de TIW.

A la suite de ce nouvel abaissement d'objectif de son partenaire, Renault, qui détient 43,4% de Nissan, voit son titre perdre près de 4,26% à la Bourse de Paris vers 11h40 GMT.

L'action Nissan a clôturé en baisse de 4% à la Bourse de Tokyo.

Voir aussi :

* BREAKINGVIEWS-Nissan earnings cut is one symptom of distraction

(Marc Joanny, Wilfrid Exbrayat et Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Naomi Tajitsu