A 11h45, le titre recule de 5,13% à 76,88 euros, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-1,36%).

Le constructeur au losange a réalisé sur les six premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 29,5 milliards d'euros (+17,3%) grâce notamment à un bond de 10,4% de ses immatriculations, mais la marge opérationnelle de la branche automobile, hors Avtovaz, n'a progressé dans l'intervalle que de 0,1 point de pourcentage à 4,8%.

Dans un secteur automobile où l'arbitrage entre volumes et marges reste un thème dominant, Renault, dont le PDG Carlos Ghosn vise la première place des constructeurs mondiaux cette année avec ses partenaires Nissan et Mitsubishi, souffre de la comparaison avec PSA.

Si ce dernier a enregistré une croissance en volume limitée à 2,3% au premier semestre, sa division auto a atteint une marge opérationnelle courante spectaculaire de 7,3%.

"L'effet mix/prix/enrichissement chez Renault est négatif de 180 millions d'euros, ce qui est surprenant au vu des nouveaux modèles Mégane, Scenic, Kadjar, Espace et Talisman et alors que le chiffre d'affaires offre une image plus positive", commente Bernstein dans une note. "Nous avons déjà dit que 2017 pourrait représenter un pic pour Renault. Ces craintes vont maintenant se renforcer."

La directrice financière du groupe, Clotilde Delbos, a expliqué que l'effet prix et contenus des véhicules avait été compensé l'an dernier par des hausses de prix dans les pays émergents pour contrer la dévaluation des devises.

Les effets changes devraient ressortir légèrement négatifs sur l'ensemble de 2017 tandis que l'impact matières premières (-132 millions d'euros au premier semestre) devrait rester négatif au second, a-t-elle ajouté.

LES RÉDUCTIONS DE COÛTS SONT DE RETOUR

A l'échelle du groupe, Renault a néanmois enregistré une marge opérationnelle de 1,82 milliard d'euros en valeur (+18,1%), un bénéfice d'exploitation de 1,789 milliards (+21,2%) et un bénéfice net, part du groupe, de 2,38 milliards d'euros (+58,5%), des montants records pour un premier semestre.

Le chiffre d'affaires du groupe et son résultat d'exploitation ont manqué le consensus Inquiry Financial pour Reuters, qui donnait respectivement 29,85 milliards et 1,794 milliard, tandis que le bénéfice net a dépassé les attentes (2,23 milliards).

Nissan, détenu à 43,4% par Renault et dont les résultats ont été gonflés par l'absence cette année de provisions comme celles enregistrés en 2016, a contribué pour l'essentiel à l'amélioration du résultat net de son partenaire français, tandis que le résultat opérationnel a profité notamment de 204 millions d'euros d'économies chez Renault, contre un petit six millions un an plus tôt.

"Nos efforts de réductions de coûts sont revenus à un niveau plus traditionnel, et cela malgré une poursuite de nos efforts pour investir afin de préparer le futur, que ce soit en terme de technologie ou de gamme", a déclaré à la presse Clotilde Delbos, directrice financière de Renault.

Au cours d'une conférence avec les analystes, le directeur délégué à la Compétitivité Thierry Bolloré a indiqué pour sa part que le groupe était bien parti pour réaliser environ 450 millions d'euros d'économies sur l'ensemble de l'année.

Les volumes et les ventes aux partenaires - notamment la production de la nouvelle Nissan Micra dans l'usine Renault de Flins - ont ajouté 346 millions d'euros au résultat opérationnel, et Avtovaz, consolidé dans les comptes de Renault depuis le 1er janvier, a contribué pour trois millions d'euros, retrouvant l'équilibre plus vite que prévu.

"Le groupe affiche de nouveaux chiffres records pour un premier semestre. Cette performance nous assure une solide assise pour la mise en oeuvre de notre prochain plan stratégique et nous permet de confirmer nos objectifs pour l'année", a déclaré le PDG Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

Le groupe, qui doit présenter début octobre un nouveau plan à l'horizon 2022, anticipe toujours cette année une hausse de son chiffre d'affaires au-delà de l'impact d'Avtovaz et à taux de changes constants et une hausse de la marge opérationnelle du groupe en euros.

Renault a déjà annoncé qu'il viserait au terme de son nouveau plan un chiffre d'affaires de 70 milliards d'euros et une marge opérationnelle d'au moins 7%. Ses deux alliés japonais devraient présenter quant à eux leur propre feuille de route un peu plus tard, fin octobre ou début novembre.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume