De sombres nuages s’amoncelaient au dessus de Thierry Bolloré depuis plusieurs jours. La foudre est finalement tombée. Le Conseil d’administration de Renault a mis fin ce matin avec effet immédiat à son mandat de directeur général. Comme évoqué dans la presse, c’est Clotilde Delbos (52 ans), l’actuelle directrice financière, qui assurera l’intérim en tant que directrice générale, le temps qu’un successeur soit trouvé.

Elle sera assistée de deux hauts dirigeants du groupe : Olivier Murguet (directeur commercial) et José-Vicente de los Mozos (directeur de la production et de la logistique), qui deviennent directeurs généraux adjoints.

Après plusieurs jours d'apathie, les investisseurs réagissent enfin à ce changement de gouvernance : le titre Renault progresse de 3,31 % à 52,48 euros sur la place de Paris.

Dernier rescapé de l'ère Carlos Ghosn, Thierry Bolloré a échoué à retisser des liens de confiance durable avec Nissan et n'a pu empêcher une série de départ de cadres vers le concurrent PSA. Il a également présenté des résultats semestriels dégradés pour Renault en juillet dernier. Enfin, ce qui n'arrange rien, la presse a pointé du doigt ses relations tendues avec Jean-Dominique Senard, le président du groupe.

Pour sa défense, Thierry Bolloré a dénoncé jeudi soir " un coup de force stupéfiant " et un risque de déstabilisation, dans un entretien aux Echos.

Ce grand chambardement à la tête de Renault arrive quelques jours seulement après le renouvellement de l'état-major de Nissan, dont Renault détient 43,4%.

Le constructeur automobile japonais s'est finalement choisi un nouveau directeur général en la personne de Makoto Uchida. Celui qui était jusque-là patron des activités de Nissan en Chine, prendra ses fonctions le 1er janvier prochain. Agé de 53 ans, il jouit d'une réputation Renault-compatible.

Ces changements à la tête du constructeur japonais, associés au départ de Thierry Bolloré, pourraient bien représenter le déclic nécessaire à faire évoluer de manière harmonieuse les relations entre Renault et Nissan. Ils pourraient donc conduire possiblement à une reprise des négociations de mariage avec Fiat Chrysler.

" Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos ont tout deux défendus avec zèle ce projet de fusion ", rappelle un analyste de Citi, ajoutant que " la nouvelle équipe de direction de Nissan voudra probablement bâtir son propre héritage, plutôt que d'occuper l'ombre de Carlos Ghosn ".