Le groupe au losange a réalisé sur les six premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 29,96 milliards d'euros, en hausse de 1,4% en données publiées et en croissance de 6,8% à change et périmètre constants.

Le bénéfice opérationnel de Renault est ressorti à 1,914 milliard d'euros, donnant une marge de 6,4% (6,8% hors IFRS 15), alors que mardi, PSA a annoncé une marge opérationnelle courante de 7,8%.

Hors Opel, la rentabilité de la division automobile du groupe sochalien a même atteint 8,5%, nourrie par des SUV très rentables comme le Peugeot 3008 ou le DS7 Crossback, ainsi que par des réductions de coûts. En face, la marge du pôle automobile de Renault, hors Avtovaz et IFRS 15, est ressortie à 4,7% au premier semestre.

"Les résultats de Renault sont bons, surtout en cette année de hausse des dépenses pour se conformer au WLTP, et de vents contraires conjugués sur les changes et les matières premières", commente Arndt Ellinghorst d'Evercore ISI dans une note. "Mais nous avons le sentiment que la performance de Renault va rester éclipsée par la publication en fanfare du compatriote PSA."

A 11h03, l'action Renault gagne 1,61% à 74,39 euros. Mardi, les résultats de PSA et l'annonce d'un retour aux bénéfices de la filiale Opel avaient fait flamber le titre du constructeur de plus de 10%..

PAS STRICTEMENT COMPARABLES

Interrogé sur la réussite de Carlos Tavares, actuel président du directoire de PSA et son prédécesseur aux côtés de Carlos Ghosn, le directeur général adjoint de Renault, Thierry Bolloré, a joué l'humilité.

"Nous sommes heureux de voir notre concurrent national qui réussit, parce que cela nous motive encore davantage pour resserrer l'écart", a-t-il déclaré lors d'une téléconférence avec les analystes financiers. "Ceci dit, nous ne sommes pas strictement comparables, parce que nous avons près de 50% de notre activité hors d'Europe."

Moins international que Renault, et encore plus européen depuis le rachat d'Opel et Vauxhall, PSA profite actuellement de son exposition à un marché européen solide alors que cette dépendance a longtemps été vue comme un handicap.

"Les marges hors d'Europe sont aussi dilutives (...) tout comme l'activité véhicules électriques, qui n'est pas encore au standard du groupe. Mais nous observons clairement des opportunités (...) en termes de coûts, de prix et de produits, pour améliorer notre performance", a ajouté Thierry Bolloré.

Renault a fait état mi-juillet d'un bond de près de 10% de ses ventes mondiales en volume à un plus haut historique grâce au rebond du marché automobile en Russie et en Amérique latine, au succès de Clio et Duster en Europe et à l'ajout de deux marques d'utilitaires en Chine.

"Ces résultats récompensent notre stratégie de diversification géographique, le succès de nos gammes et la mobilisation de tous nos collaborateurs", a déclaré le PDG Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

Certains autre points forts de Renault par rapport à PSA n'ont pas joué à plein au premier semestre.

Si les économies et synergies "Monozukuri" induites notamment par l'alliance avec Nissan et Mitsubishi ont ajouté 254 millions d'euros à la marge opérationnelle - avec un impact supérieur à 500 millions attendu sur l'année - les ventes aux partenaires ont amputé le chiffre d'affaires automobile de 95 millions d'euros à cause de la baisse des ventes de moteurs diesel.

La hausse des matières premières, notamment l'acier, a amputé la marge de 192 millions d'euros et les principales devises du groupe (surtout le peso argentin) effacé 368 millions d'euros.

Malgré cela, Renault a confirmé ses objectifs de croissance des ventes et des résultats en 2018. Outre les changes, le groupe a cité les incertitudes liées à l'entrée en vigueur des nouvelles normes d'homologation WLTP, les tensions commerciales et l'Iran comme facteurs de risque pesant sur le second semestre.

L'un des principaux constructeurs, avec PSA, à revenir sur un marché iranien jusqu'ici très prometteur, Renault s'attend maintenant à un tarissement des ventes en Iran dans le sillage de la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire.

"Avec la mise en place des sanctions, nos ventes en Iran vont être très limitées, voire quasi nulles (...) puisque nous ne pourrons continuer à vendre que ce que les textes détaillés qui seront publiés en amont du 6 août nous permettront de faire", a souligné la directrice financière Clotilde Delbos au cours d'une téléconférence de presse.

Contrairement à PSA, qui a inscrit une provision pour dépréciation de 168 millions d'euros pour ses investissements en Iran, Renault ne prévoit pas de nouvelle provision après les 500 millions dépréciés en 2013, lors de la précédente crise entre l'Iran et la communauté internationale.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Laurence Frost