"Le groupe Renault accueille avec satisfaction la décision de Nissan d'accorder aux deux représentants de Renault un siège dans les comités du conseil de Nissan, qui seront présentés à l'assemblée générale des actionnaires le 25 juin prochain", déclare Renault dans un communiqué publié jeudi.

Un porte-parole du groupe au losange a précisé que Renault voterait donc la réforme de la gouvernance que Nissan a engagée pour tourner la page de l'affaire Carlos Ghosn.

"L'accord ainsi trouvé sur la présence de Renault dans la nouvelle gouvernance de Nissan confirme l'esprit de dialogue et de respect mutuel qui existe au sein de l'alliance", a ajouté Renault.

Le constructeur automobile français, premier actionnaire de Nissan avec une participation de 43,4%, avait menacé le 10 juin de ne pas voter la réforme de la gouvernance de son partenaire si celui-ci n'acceptait pas que Renault siège à plus d'un comité.

Nissan prévoyait à l'origine que seul Jean-Dominique Senard, président de Renault, puisse intégrer un des comités, et pas le directeur général Thierry Bolloré.

Renault menaçait donc de s'abstenir à l'AG du 25 juin, ce qui aurait bloqué de fait l'adoption de la réforme, pour laquelle une majorité des deux tiers est nécessaire.

RENAULT VEUT PRÉSERVER SON INFLUENCE

Nissan a finalement proposé jeudi que Jean-Dominique Senard siège au comité des nominations et Thierry Bolloré à celui de l'audit. Le groupe japonais a également annoncé qu'il proposerait Jean-Dominique Senard pour la vice-présidence de son conseil d'administration.

La création des nouveaux comités de Nissan a été décidée après l'arrestation en novembre dernier au Japon de l'ancien patron du constructeur japonais et de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, accusé de malversations financières qu'il conteste.

Le comité de gouvernance a préconisé qu'au moins la moitié des membres des comités d'audit et des nominations, et tous les membres du comité des rémunération, soient indépendants - donc ne représentant ni Renault, ni Nissan.

Renault craignait que la nouvelle structure de gouvernance, qui comprend notamment des comités statutaires composés d'administrateurs pour la plupart indépendants, dilue son influence sur le groupe japonais.

Les liens entre Nissan et Renault, fragilisés par l'affaire Ghosn, ont été une nouvelle fois mis à l'épreuve par le projet, avorté début juin, de rapprochement entre le groupe au losange, dont l'Etat français détient 15%, et le constructeur italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA).

(Avec Maki Shiraki et Naomi Tajitsu à Tokyo, édité par Bertrand Boucey)

par Gilles Guillaume