(actualisé avec porte-parole de Slim et de la Fondation KPN)

par Tomas Sarmiento et Elinor Comlay

MEXICO, 16 octobre (Reuters) - America Movil, le premier opérateur de télécommunications d'Amérique latine, a annoncé mercredi avoir renoncé à monter au capital du néerlandais KPN et dit n'avoir rien décidé sur le sort de sa participation actuelle.

Cette annonce inattendue constitue un revers pour la stratégie de développement international d'America Movil, contrôlé par le milliardaire Carlos Slim, qui avait pris pied en Europe l'an dernier en entrant au tour de table de KPN et à celui de Telekom Austria.

America Movil n'a pas arrêté sa position concernant son maintien ou non au capital de KPN, dont il possède pour l'instant un peu moins de 30%.

"Nous n'avons pas pris cette décision", a déclaré à Reuters Arturo Elias, porte-parole - et gendre - de Carlos Slim.

America Movil avait présenté début août son projet d'offre sur le solde de KPN, qu'il prévoyait alors de lancer en septembre au prix de 2,40 euros par action, soit un montant total de 7,2 milliards d'euros. (voir )

Mais la Fondation KPN, une entité indépendante chargée de protéger les intérêts des actionnaires de l'ex-monopole public néerlandais, avait exercé fin août une option lui assurant environ 50% des droits de vote, donc un droit de veto de fait, en réclamant une amélioration de l'offre.

Mercredi, la fondation a déclaré que son intention n'était pas de faire échouer le projet et ajouté qu'elle étudiait le communiqué d'America Movil.

"Notre intention n'a jamais été de bloquer l'opération mais de faire s'asseoir les deux parties à la même table pour aboutir à un protocole de fusion de manière acceptable", a déclaré un porte-parole de la fondation.

L'abandon du projet a visiblement soulagé les actionnaires du groupe mexicain: le titre gagnait 3,16% en fin de séance après avoir pris jusqu'à plus de 6%.

"Je pense qu'ils étaient à bout de patience", a déclaré Andres Audiffred, analyste de Ve Por Mas, à propos d'America Movil.

America Movil, présent dans 18 pays du continent américain et qui compte plus de 260 millions d'abonnés mobiles, s'est implanté en Europe dans le but d'y trouver de nouveaux relais de croissance, l'essor du marché américain touchant à sa fin.

Le groupe doit aussi s'adapter à la volonté du gouvernement mexicain de réformer le marché national des télécommunications, sur lequel il réalise pour l'instant près de la moitié de son bénéfice courant, un projet qui pourrait remettre en cause sa position de leader incontesté dans le fixe comme dans le mobile.

L'opérateur dispose d'un important trésor de guerre et il est peu probable que le revers subi sur KPN le décourage de se lancer dans de nouveaux projets, estiment des analystes et des investisseurs. (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)