Quand on ne peut pas gagner d’argent, on peut toujours en faire perdre aux autres. Carlos Slim, qui n’est pas autorisé à lancer de chaîne de TV au Mexique, diffuse gratuitement des programmes pour ses abonnés Internet. Autant dire que pour les chaînes existantes, c’est une véritable déclaration de guerre.

Le milliardaire Emilio Azcarraga, patron de la première chaîne du pays, Gruppo Televisa SA, a demandé au régulateur mexicain d’ouvrir une enquête sur l’activité de Carlos Slim. La deuxième chaîne nationale, TV Azteca, a également déposé un recours régulateurs des télécoms. Pour le patron de TV Azteca, Luis Nino, le comportement de Carlos Slim est inacceptable : "Imaginez que j’aille vendre des CD et DVD piratés devant les portes des magasins culturels de Carlos Slim. Je me mettre face à la porte en disant aux passants ‘c’est bon, allez-y, je les ai juste piratés hier sur Internet’".

Il faut dire que le groupe de Carlos Slim avait décidé de frapper fort, en diffusant gratuitement les images des Jeux Panaméricains, sans payer les droits de diffusion sportifs. Sa filiale Telmex ne s’est pas exprimée sur les critiques dont elle fait l’objet, mais un de ses porte-parole, Renato Flores, a déclaré sur Twitter que « Le streaming sur Internet n’est pas de la TV ».

Impasse juridique
En fait, Carlos Slim est en position assez favorable. S’il flirte avec l’illégalité, il paraît difficile de lui interdire de diffuser des programmes en ligne alors que des groupes aussi puissants que Google, via sa filiale Youtube, ou Netflix, en font leur fonds de commerce. A cet argument, Luis Nino répond que Google et Netflix sont des utilisateurs d’Internet, alors que Telmex est un fournisseur d’accès. Mais le raisonnement pourrait être battu en brèche devant les tribunaux, selon les experts cités par Bloomberg.

Cette nouvelle escarmouche entre Carlos Slim et les groupes de télévision mexicains s’inscrit dans une longue série d’affrontement. Depuis plusieurs années les deux camps se trainent mutuellement devant les tribunaux pour abus de position dominante. Carlos Slim, qui n’a pas l’habitude de lésiner en affaires, n’a pas hésité à retirer l’ensemble de ses contrats publicitaires Gruppo Televisa SA et TV Azteca, bien que ces deux chaînes réunissent à elles seules la quasi-totalité des téléspectateurs du pays.