(Actualisation: déclarations du DG de Renaut, Luca de Meo, sur la plateforme CMF-BEV, de la directrice financière, Clotilde Delbos, sur les investissements, et du président de l'Alliance, Jean-Dominique Senard sur les liens capitalistiques entre les sociétés)

PARIS (Agefi-Dow Jones)---L'alliance formée par les constructeurs automobiles Renault, Nissan et Mitsubishi a dévoilé jeudi ses projets à l'horizon 2030, pour accélérer son virage dans les véhicules électriques et la mobilité connectée, prévoyant notamment des investissements de 23 milliards d'euros sur les cinq prochaines années.

"Les trois entreprises ont défini une feuille de route commune à horizon 2030, en partageant les investissements dans les futurs projets d'électrification et de connectivité. Des investissements massifs qu'aucune des trois entreprises ne pourrait réaliser seule", a indiqué Jean-Dominique Senard, le président de l'Alliance, cité dans un communiqué. "Nous ne jouons pas en seconde division lorsque que nous sommes ensemble", a déclaré de son côté le directeur général de Renault, Luca de Meo, lors d'une conférence de presse virtuelle.

L'Alliance compte ainsi investir 23 milliards d'euros dans l'électrification au cours des cinq prochaines années pour arriver à 35 nouveaux modèles de véhicules électriques d'ici à 2030. La directrice financière de Renault, Clotilde Delbos, a reconnu que "l'essentiel" de ce montant de 23 milliards d'euros était lié à des investissements déjà annoncés par les constructeurs.

Une nouvelle plateforme pour "démocratiser" l'électrique

Les trois groupes ont indiqué que 90% des 35 modèles électriques de l'Alliance disponibles en 2030 seraient basés sur cinq plateformes communes de véhicules électriques, couvrant la plupart des marchés des plus grandes régions.

Une nouvelle plateforme CMF-BEV, dédiée aux citadines électriques, sera lancée en 2024 et équipera la Renault R5 ainsi que le modèle de Nissan devant succéder à la Micra. Cette nouvelle voiture du groupe japonais sera produite par Renault sur son pôle ElectriCity dans le Nord de la France. Luca de Meo a assuré que cette plateforme serait la "clef de la démocratisation" du véhicule électrique grâce à sa compétititvité en matière de coûts.

La CMF-EV, plateforme électrique polyvalente, sera elle "sur les routes dans quelques semaines" pour équiper la Nissan Ariya et la Mégane E-Tech électrique de Renault, ont indiqué les trois entreprises. "D'ici 2030, plus de 15 modèles seront basés sur la plateforme CMF-EV, avec jusqu'à 1,5 million de voitures produites par an sur cette plateforme", ont-elles ajouté.

En matière de batteries électriques, l'Alliance compte réduire le coût des batteries de 50% en 2026 et de 65% en 2028, en travaillant avec des partenaires. Les trois constructeurs comptent également disposer d'une capacité de production totale de batteries de 220 gigawattheures à travers le monde d'ici 2030.

Nissan va par ailleurs développer sa technologie de batterie solide ASSB ("All Solid-State Battery") pour l'ensemble des membres de l'Alliance. Cette technologie "permettra de doubler la densité énergétique comparé aux batteries liquides lithium-ion actuelles", a indiqué l'Alliance. "Le temps de chargement sera également divisé par trois, ce qui permettra aux clients d'effectuer des trajets plus longs avec plus de confort" poursuit-elle. L'Alliance compte produire cette technologie en série d'ici au milieu de l'année 2028.

Des objectifs d'électrification différents

Les trois constructeurs présentent des objectifs différents en matière d'électrification de leur gamme. La marque Renault veut que les véhicules entièrement électriques représentent 100% de ses ventes en Europe d'ici à 2030. Luca de Meo a précisé jeudi que pour parvenir à cet objectif, la marque devrait vendre environ 25% de véhicules électriques en 2025.

Nissan vise une part des véhicules électrifiés - soit les véhicules à batteries mais aussi les hybrides - dans ses ventes en Europe de 75% en 2026 puis de 100% en 2030, a indiqué son directeur des opérations, Ashawani Gupta. Mitsubishi compte parvenir à 50% de véhicules électrifiés vendus dans le monde en 2030.

Mitsubishi a par ailleurs annoncé un renforcement de sa présence en Europe avec deux nouveaux modèles, dont le SUV ASX.

Interrogé sur un éventuel rééquilibrage des liens capitalistiques entre les membres de l'Alliance, Jean-Dominique Senard a répondu que ce scénario n'était "pas sur la table aujourd'hui". Le dirigeant a néanmoins assuré que les trois entreprises avaient démontré que leurs liens étaient devenus "extrêmement solides" et en réalité "incassables". Renault détient 43,4% de Nissan qui de son côté possède 34% de Mitsubishi Motors.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV - ECH

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January 27, 2022 06:42 ET (11:42 GMT)