Le groupe suisse a également annoncé qu'il ne reconduirait pas le pacte d'actionnaires qui le lie à la famille Bettencourt au sein de L'Oréal au-delà de sa date d'expiration du 21 mars "afin de maintenir toutes les options ouvertes", tout en ajoutant qu'il ne monterait pas à son capital.

"Nous n'avons pas l'intention d'augmenter notre participation dans L'Oréal et nous engageons à poursuivre notre relation constructive avec la famille Bettencourt", a déclaré Nestlé, qui détient 23% du géant français des cosmétiques.

Cette annonce devrait alimenter les rumeurs de cession de la participation de Nestlé, juge un trader basé à Londres. Le PDG de L'Oréal Jean-Paul Agon s'est déclaré prêt à racheter la part de Nestlé si le groupe suisse souhaitait la céder.

La vente de cette participation d'environ 23 milliards d'euros figure en bonne place parmi les demandes de Daniel Loeb.

En ce qui concerne ses performances, le producteur des barres chocolatées KitKat et du café Nescafé a précisé que sa croissance organique - hors impact des acquisitions et des taux de change - serait comprise entre 2 et 4% cette année, après un chiffre décevant de 2,4% l'an dernier, au plus bas depuis que Nestlé a commencé à le publier en 1996.

Les analystes interrogés par Reuters l'attendaient en moyenne à 2,7%, l'estimation la plus basse étant de 2,6%.

Face aux nouvelles habitudes de consommation privilégiant les produits sains et les marques locales, Nestlé et ses pairs se voient contraints de réduire leurs coûts et vendre leurs marques les moins performantes pour maintenir leur rentabilité.

L'action perd 2,56% vers 10h50 GMT en Bourse de Zurich, à 75,34 francs suisses, un creux de dix mois en réaction à ces résultats et perspectives qui ont déçu.

DE L'EAU AU MOULIN DE THIRD POINT

Sur le seul quatrième trimestre, la croissance organique a été de 1,9%, bien inférieure là encore au consensus de 2,85%.

Ces performances inférieures aux attentes et les prévisions prudentes pour 2018 du groupe de Vevey apporteront de l'eau au moulin du fonds de Daniel Loeb, Third Point, qui pousse Nestlé à accélérer sa transition vers la nutrition.

L'investisseur activiste a révélé en juin que son fonds avait pris une participation de plus de 1% dans Nestlé.

"Le travail sur les coûts agit habituellement plus vite que celui sur la croissance", a souligné l'administrateur délégué de Nestlé, Mark Schneider, en partie à cause du décalage entre le rachat d'une nouvelle marque et sa contribution aux résultats.

Nestlé a par ailleurs indiqué avoir décidé d'explorer différentes options stratégiques, y compris une cession, de son activité d'assurance-vie Gerber Life, dont le revenu s'est élevé à 840 millions de francs suisses l'an dernier, tout en ajoutant qu'il conserverait l'activité d'alimentation pour bébés Gerber.

Le chiffre d'affaires annuel du groupe, à 89,8 milliards de francs suisses (77,7 milliards d'euros), est ressorti en-deçà du consensus Reuters qui le donnait à 90,1 milliards de francs, affecté par de faibles performances en Amérique du Nord et au Brésil, particulièrement dans l'eau et la nutrition.

La croissance organique 2017, provenant pour 1,6 point de croissance interne réelle et de 0,8 d'adaptation des prix, est inférieure à celle de 4% annoncée par Unilever,. Danone publiera ses chiffres vendredi.

Le bénéfice net a chuté de 16% à 7,2 milliards de francs, en net retrait par rapport aux 9,6 milliards attendus, affecté par une dépréciation de la filiale Nestlé Skin Health du groupe, qui n'a pas voulu dire s'il restait engagé dans cette activité.

Le groupe propose un dividende de 2,35 francs au titre de 2017, alors que les analystes tablaient en moyenne sur 2,40.

"Nous continuons à croire que Nestlé a un gros potentiel d'amélioration et le moyen de concrétiser ce potentiel. Mais ces résultats ne vont pas dans ce sens", écrit RBC Capital Markets.

(Avec Helen Reid à Londres, Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français)

par Silke Koltrowitz

Valeurs citées dans l'article : L'Oréal, Nestlé