* Le rapport sur l'emploi fait grimper les rendements

* Les valeurs technologiques pèsent, Tesla chute

* Les GAFA baissent aussi, inquiétudes sur les valorisations

* Le Dow a cédé 0,68%, le S&P 0,55% et le Nasdaq 1,16%

* Sur l semaine, le S&P perd 0,98%, le Nasdaq 3,2%, le Dow stable

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK, 5 octobre (Reuters) - La Bourse de New York a terminé en repli vendredi, affaiblie par une nouvelle hausse des rendements des obligations du Trésor, en réaction à l'annonce d'un ralentissement des embauches et d'une hausse modeste des salaires en septembre aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a perdu 180,43 points, soit 0,68%, à 26.447,05. Le S&P-500, plus large, a perdu 16,04 points, soit 0,55%, à 2.885,57. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 91,06 points (-1,16%) à 7.788,45 points.

Sur la semaine, le S&P a perdu 0,98%, le Dow a été stable et le Nasdaq a reculé de 3,2%, sa plus forte baisse depuis mars.

Le rapport de septembre sur l'emploi a accentué les tensions sur les rendements, ce qui a pesé sur les actions qui se traitent à des niveaux quasi-records, ce qui représente une source d'inquiétude à l'approche des résultats trimestriels.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les créations d'emploi aux Etats-Unis ont nettement ralenti en septembre, probablement en raison de l'impact de la tempête tropicale Florence, mais les chiffres de juillet et d'août ont été révisés à la hausse et le taux de chômage a reculé à 3,7%, son plus bas niveau en près de 49 ans, ce qui traduit une poursuite des tensions sur le marché du travail.

"Il n'y a pas de ralentissement net de l'économie américaine. Ces chiffres confirment que la Fed va rester engagée sur la voie d'une hausse progressive des taux", dit Paresh Upadhyaya, responsable de la stratégie chez Amundi Pioneer AM.

Le rapport sur l'emploi montre aussi une hausse de 0,3% du salaire horaire moyen sur un mois.

"L'inflation par les salaires monte doucement mais elle n'a pas accéléré comme le craignait le marché", note Russell Price, économiste en chef chez Ameriprise Financial Services.

John William, le président de la Réserve fédérale de New York, a par ailleurs déclaré vendredi que la Fed avait encore "du chemin à faire" avant que la hausse de ses taux d'intérêt ne commence à ralentir l'économie américaine.

TAUX

Les rendements des obligations du Trésor ont augmenté sur toutes les échéances après ce rapport du département du Travail, les titres à long terme ayant atteint des records, ce qui a provoqué une pentification de la courbé des rendements.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans a touché un nouveau pic de plus de sept ans dans la journée, à 3,246%. Celui du 30 ans a quant à lui atteint son plus haut niveau depuis juillet 2014, à 3,412%. En Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans a dépassé 0,58% pour la première fois depuis le 18 mai.

La vive hausse récente des rendements des Treasuries, qui a surpris beaucoup d'investisseurs, a été provoquée par la publication cette semaine de statistiques américaines meilleures que prévu et par des déclarations très optimistes de la Réserve fédérale sur les perspectives économiques aux Etats-Unis.

Le marché obligataire américain sera fermé lundi pour Columbus Day (Wall Street restera ouverte), ce qui est susceptible de calmer les tensions sur les marchés financiers.

VALEURS

Les grandes valeurs technologiques, qui pèsent lourdement dans les indices, ont mené le mouvement de repli, victimes de prises de profits compte tenu de leur valorisation élevée. L'indice du secteur a cédé 1,27%, en recul pour la deuxième séance d'affilée, avec Intel qui perdu encore 2,29%.

Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Alphabet ont reculé de 0,8% à 3,4%.

Apple notamment a cédé 1,62% alors que Greenlight Capital, le fonds de David Einhorn, a annoncé avoir vendu ses dernières actions dans la crainte croissante de "mesures de rétorsions chinoises contre la politique commerciale américaine".

Tesla a chuté de 7,05% après de nouvelles déclarations controversées de son directeur général Elon Musk qui a critiqué la SEC, le gendarme de Wall Street. En outre David Einhorn, le gérant du fonds spéculatif Greenlight Capital a fustigé le groupe, comparant le constructeur de voitures électriques à Lehman Brothers, dont il avait annoncé les problèmes comptables plusieurs mois avant sa faillite en 2008. Ces déclarations ont accentué les pertes de l'action.

A contrario, General Electric a pris 4,11% après l'annonce que la rémunération de son nouveau PDG Larry Culp est liée à la performance du titre. L'action doit gagner 50% et rester à ce niveau 30 jours pour qu'il obtienne une prime.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont elles aussi terminé en nette baisse sur fond de tensions persistantes sur le marché obligataire, nourries par le rapport sur l'emploi américain.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,95% à 5.359,36 points. Le Footsie britannique a perdu 1,35% et le Dax allemand 1,08%. L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,88%, le FTSEurofirst 300 de 0,85% et le Stoxx 600 de 0,86%.

La hausse des rendements obligataires n'a pas profité au compartiment bancaire, en repli de 1%, en raison des tensions persistantes sur la politique budgétaire italienne.

L'indice Stoxx des ressources de base a perdu 2,53% avec le repli des métaux industriels. Les technologiques ont abandonné 2,15%, STMicroelectronics ayant fini dernier du CAC 40 avec une perte de 4,82%.

CHANGES

Le dollar marque le pas (-0,12%) face à un panier de devises de référence après le rapport de l'emploi qui a montré que les hausses de salaires restent modestes aux Etats-Unis.

De son côté, la livre sterling a touché un touché un pic de plus de trois mois face à l'euro avant de ses stabiliser, après que les négociateurs de l'Union européenne sur le Brexit ont annoncé qu'un accord était "très proche", selon deux personnes présentes à la réunion.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont fini stables ou en léger recul vendredi sur le marché new-yorkais Nymex, les bons indicateurs de l'emploi ayant apaisé les inquiétudes sur la demande du premier consommateur mondial de pétrole, à l'issue d'une semaine de tensions en vue des sanctions américaines contre l'Iran.

Le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné un cent, soit 0,01%, à 74,34 dollars le baril. Le Brent a fini de son côté en baisse de 42 cents, soit 0,50%, à 84,16 dollars, après avoir atteint un pic de quatre ans, à 86,74 dollars, mercredi.

Le WTI et le Brent affichent des gains de respectivement environ 1,3% et 1,4% sur la semaine.

A SUIVRE LUNDI : (Chuck Mikolajczak et Medha Singh, Juliette Rouillon pour le service français)