PARIS, 28 novembre (Reuters) - Twitter a manqué de
transparence en matière de lutte contre la désinformation, a
regretté lundi l'Arcom, l'autorité de tutelle du secteur de la
communication numérique en France, une nouvelle critique visant
le média social qui vient de supprimer des milliers d'emplois.
Dans son troisième rapport annuel consacré à la "lutte
contre la manipulation de l'information sur les plates-formes en
ligne", l'Arcom évoque ainsi la "transparence très relative
concernant les données chiffrées" dont a fait preuve Twitter en
la matière, ajoutant que la société lui avait fourni "des
éléments peu précis" sur le fonctionnement de ses outils
automatiques.
Sollicité par Reuters, un porte-parole de Twitter en France
n'a pas répondu dans l'immédiat à des demandes de commentaires.
La société n'a répondu à aucune demande depuis le rachat du
groupe par le multimilliardaire Elon Musk le mois dernier.
Si elle peut recenser et mettre en avant les défauts des
sociétés dont elle a la tutelle, l'Arcom n'a aucun pouvoir de
sanction sur ces grands noms de la communication numérique en
cas de manquements en matière de lutte contre la propagation de
fausses informations.
La loi du 22 décembre 2018 sur la lutte contre la
manipulation de l'information oblige les opérateurs de
plates-formes en ligne à coopérer avec elle et à l'informer sur
les moyens qu'ils mettent en oeuvre pour combattre la
propagation des "fake news" mais aussi les agissements
susceptibles de nuire à la sincérité des élections.
Parmi les 12 sociétés concernées par cette obligation de
moyens figurent YouTube, filiale de l'américain Alphabet
, Facebook, propriété de Meta Platforms, mais
aussi le site chinois de partage de vidéos TikTok, qui
appartient au groupe ByteDance, et l'encyclopédie en ligne
Wikipedia.
Si les reproches de l'Arcom visant Twitter risquent d'être
commentés dans le contexte de la reprise en main de la société
par Elon Musk, la société n'est pas pour autant la plus
critiquée par le rapport.
"TikTok, Yahoo et, dans une moindre mesure, Google, se
démarquent particulièrement par l'absence d'informations
tangibles permettant à l'Arcom d'analyser la pertinence et
l'efficacité des moyens et mesures mis en oeuvre pour lutter
contre la manipulation de l'information", explique-t-il ainsi.
La publication du rapport intervient une semaine après la
démission du directeur général de la filiale française de
Twitter.
Le groupe américain a annoncé au début du mois avoir
licencié la moitié de ses salariés, des réductions d'effectifs
qui ont décimé entre autres des équipes entières dans les
domaines de la communication, de la modération de contenus, des
droits humains et de l'éthique, tout comme dans le développement
de produits.
Dans des documents transmis à l'Arcom avant le rachat,
Twitter disait employer 34 salariés permanents en France et y
avoir réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 11,8 millions
d'euros et un bénéfice net d'un peu plus de 617.000 euros.
(Reportage Mathieu Rosemain, version française Marc Angrand)