BERLIN (dpa-AFX) - Le ministère allemand de l'Economie plaide pour que des conditions plus strictes soient envisagées pour le service de messages courts Twitter. "Le secrétaire d'Etat Sven Giegold (Verts) a écrit dans une lettre adressée à la Commission européenne qu'il était "très préoccupé par les règles de Twitter en matière de plateforme, leurs modifications abruptes et leur application arbitraire". La lettre est datée de mardi et a été transmise à l'agence de presse allemande à Berlin. Des critiques ont également été émises par la présidente des sages économiques et la commission des monopoles.

Giegold écrit à la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager et au commissaire au marché intérieur Thierry Breton que l'autorité bruxelloise devrait donc procéder au plus vite aux vérifications nécessaires pour désigner Twitter comme "gatekeeper" au sens du Digital Markets Act. Les "gatekeepers" sont des entreprises qui ont une position particulièrement forte sur le marché et qui remplissent un certain nombre de critères. Elles sont soumises à des obligations particulières, par exemple des restrictions sur le traitement des données personnelles des utilisateurs. Le Digital Markets Act sera applicable à partir de mai prochain.

Après avoir racheté Twitter en octobre avec d'autres investisseurs, le milliardaire de la technologie Elon Musk a pris une série de décisions controversées. La semaine dernière, il a bloqué temporairement les comptes de certains journalistes américains. L'intention de Musk de ne plus permettre aux utilisateurs de promouvoir leur présence sur certaines plateformes concurrentes a également provoqué la colère. Musk a promis de soumettre les modifications importantes de la politique au vote à l'avenir. Après que les utilisateurs de Twitter se soient majoritairement prononcés en faveur de sa démission dans un sondage lancé par Musk, ce dernier a annoncé qu'il se retirerait lorsqu'un successeur serait trouvé.

"Des conditions générales qui changent presque toutes les heures, des justifications erratiques pour des restrictions étendues sur les liens et le blocage de comptes de journalistes ne menacent pas seulement la liberté de concurrence, mais représentent un risque pour la démocratie, la liberté d'expression, d'information et de presse", a écrit Giegold. Il souhaite également "encourager" la Commission européenne à envisager une procédure de droit de la concurrence contre Twitter pour abus de position dominante, si Twitter devait à nouveau entraver la concurrence en interdisant de manière permanente et systématique les liens vers d'autres plateformes de médias sociaux.

Des critiques ont également été émises par la présidente des Sages économiques, Monika Schnitzer. "L'exemple de Twitter montre clairement à quel point il est problématique et même dangereux qu'une seule personne contrôle une entreprise qui a une telle influence sur la formation de l'opinion publique", a-t-elle déclaré au "Handelsblatt". Dans le cas de Twitter, il s'agit d'une "position de marché dominante" sur un marché "où la plus grande prudence est nécessaire, car il est prouvé que des dommages importants peuvent être causés par des informations erronées".

C'est pourquoi Schnitzer estime qu'un contrôle a posteriori des abus de position dominante n'est pas suffisant. Il faudrait plutôt utiliser les "règles ex ante" de la réglementation européenne sur les marchés numériques afin de renforcer la concurrence. En outre, selon Schnitzer, la réglementation doit garantir que la plateforme n'est pas utilisée à des fins de manipulation.

Le président de la commission des monopoles, Jürgen Kühling, estime lui aussi qu'il faut agir. "Le comportement très irritant d'Elon Musk et de l'entreprise Twitter ces derniers jours est très préoccupant", a-t-il déclaré au "Handelsblatt". Les règles de l'UE pour les entreprises numériques doivent maintenant faire leurs preuves et être adaptées si nécessaire. "Les plateformes comme Twitter sont d'une telle importance pour la démocratie qu'elles ne peuvent pas être contrôlées par des règles internes arbitraires", a souligné M. Kühling./hrz/als/DP/stw