par Irene Klotz

CAP CANAVERAL, Floride, 31 mars (Reuters) - La société américaine SpaceX a lancé jeudi une fusée déjà utilisée, une première dans l'histoire de l'industrie spatiale, et elle est parvenue une nouvelle fois à en récupérer le premier étage, ouvrant ainsi la voie à une possible troisième utilisation.

Cette double réussite permet au milliardaire Elon Musk de franchir une nouvelle étape dans son ambition de révolutionner les voyages dans l'espace en réduisant drastiquement les coûts, avec l'objectif ultime d'organiser des liaisons commerciales vers Mars.

Le lanceur Falcon 9, qui a déjà volé en avril 2016, a décollé à 18h37 (22h37 GMT) de son pas de tir du Centre spatial Kennedy en Floride, afin de placer sur orbite un satellite de communication pour l'opérateur luxembourgeois SES.

Une fois le lanceur placé sur sa trajectoire, le premier étage de la fusée a fait demi-tour et a été redirigé vers une plate-forme océanique dans l'Atlantique, où il a réussi son deuxième retour sur Terre. Le deuxième étage a poursuivi son vol pour placer en orbite le satellite SES-10.

"Ce sera au bout du compte une énorme révolution pour les voyages dans l'espace", a réagi Elon Musk du centre de contrôle de Cap Canaveral. "Il a fallu 15 ans pour en arriver là."

SpaceX (Space Exploration Technologies) avait déjà créé un précédent en décembre 2015 en ramenant sur Terre une de ses fusées, exploit réédité désormais à huit reprises.

En recyclant ses lanceurs, la société fondée par l'entrepreneur Elon Musk, également PDG du fabricant de voitures électriques Tesla, espère à terme réduire de 30% le prix de ses missions pour appliquer des tarifs nettement inférieurs à ceux pratiqués par ses concurrents, dont Arianespace.

Le coût d'une mise en orbite sur un Falcon 9 non réutilisé s'élève à 62 millions de dollars (57,8 millions d'euros).

SpaceX n'a pas communiqué le prix de cette mission inaugurale à bord d'une fusée recyclée. (Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey pour le service français)