* Danone vise €1 md d'économies d'ici 2023

* Il prévoit de supprimer jusqu'à 2.000 emplois

* L'organisation revue pour donner la priorité au local

* La gamme de produits réduite de 10 à 30%

* Le groupe fera le point sur les cessions au S1 2021 (Actualisé avec précisions sur les suppressions de postes en France, détails des économies de coûts, contexte)

par Martinne Geller et Blandine Henault

LONDRES/PARIS, 23 novembre (Reuters) - Le groupe agroalimentaire Danone a annoncé lundi jusqu'à 2.000 suppressions de postes dans le cadre d'un plan de réorganisation visant un milliard d'euros d'économies d'ici à 2023 qui doit lui permettre de contrer les effets de la crise sanitaire sur son activité.

Ce plan, baptisé "Local First", prévoit la mise en oeuvre d'une organisation locale par zones qui remplacera une organisation mondiale par catégories, afin d'être au plus près des réalités et spécificités des différents marchés.

Cette réorganisation se traduira par des réductions d'environ 1.500 à 2.000 postes dans les sièges mondiaux et locaux, a annoncé le numéro un mondial des yaourts, qui emploie plus de 100.000 personnes à travers le monde, à l'occasion d'une journée investisseurs.

Selon une source proche du groupe, entre 400 à 500 suppressions de postes devraient concerner la France.

"La pandémie mondiale qui sévit depuis le début de l’année a accéléré certains traits de la révolution de l’alimentation et en a altéré d’autres", souligne le PDG de Danone Emmanuel Faber, dans un communiqué.

"Cette année a montré que la compétitivité de nos activités, de nos marques, dans nos pays peut être déstabilisée par les à-coups de la conjoncture."

Le groupe a vu ses ventes baisser en raison de la pandémie de coronavirus, en particulier dans sa branche Eaux, et les coûts supplémentaires liés à la crise sanitaire ont pesé sur ses marges.

Dans le cadre de sa réorganisation, Danone envisage de déménager son siège mondial situé boulevard Haussmann à Paris à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, où se trouvent déjà les équipes du siège France.

NOUVEL OBJECTIF DE MARGE

Danone prévoit parallèlement de générer des économies récurrentes d'un milliard d'euros d'ici à 2023 qui doivent lui permettre d'investir dans la croissance et d'améliorer ses marges.

Ces économies sont réparties entre une baisse de 300 millions d’euros du coût des produits vendus, un recul de l'ordre de 700 millions d'euros des frais généraux et une réduction de 10 à 30% de sa gamme de produits pour se concentrer sur les références les plus dynamiques et rentables.

Grâce ce plan, le groupe agroalimentaire table sur un retour à une croissance rentable dès le second semestre 2021, et un retour de la marge opérationnelle courante à son niveau pré-COVID, à plus de 15%, en 2022.

Danone confirme son objectif de moyen terme d'une croissance des ventes comprise entre 3% et 5% en données comparables mais y ajoute une nouvelle prévision sur les marges en tenant compte du plan d'économies. Il vise ainsi une marge opérationnelle courante comprise entre 15% et 20% à moyen terme.

Pour 2020, le groupe a confirmé ses objectifs d'une marge opérationnelle courante de 14% et d'un free-cash-flow de 1,8 milliard d’euros.

Les coûts exceptionnels liés à la mise en place de la nouvelle organisation sont estimés à environ 1,4 milliard d’euros pour la période 2021-2023, a précisé Danone.

PAS DE TABOU SUR LES CESSIONS

Le mois dernier, Danone avait dévoilé en partie son plan de réorganisation et annoncé une revue stratégique de ses activités, notamment en Argentine et pour la marque Vega.

Lors d'une conférence téléphonique, Emmanuel Faber a indiqué qu'il donnerait des nouvelles sur ces cessions lors du premier semestre 2021.

Dans un entretien au Figaro, le PDG précise qu'il n'y a aucun tabou concernant les cessions d'actifs mais qu'une vente de la division Eaux, en grande difficultés, n'est "pas à l'ordre du jour".

A la Bourse de Paris, le titre Danone évoluait en baisse de -1,2952% à 51,82 euros à 11h23 et sous-performait la hausse de l'indice CAC 40 (+0,77%).

"La crédibilité des nouveaux objectifs va être remise en question étant donné l'échec de Danone à atteindre son précédent objectif de marge (à moyen terme)", ont déclaré les analystes de Jefferies dans une note. "Mais cela nous semble être un pas en avant, compte tenu de la faible valorisation et du consensus prudent". (Blandine Hénault, avec Martinne Geller et Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse)