Une coûteuse frénésie d'acquisitions a laissé Teva lourdement endetté et entamé la confiance des investisseurs dans le géant israélien des génériques, dont le cours de Bourse a fondu de 50% depuis début août après l'annonce d'une réduction de ses prévisions et de son dividende.

Kåre Schultz, recruté après une recherche de sept mois, aura pour première tâche de décider si Teva doit conserver son périmètre actuel intégrant génériques et médicaments de spécialités ou alors se scinder voire sortir des génériques.

Dans un communiqué, le nouveau patron danois de Teva a fait savoir qu'il déterminerait la stratégie du groupe en collaboration avec ses nouvelles équipes et le conseil d'administration.

"Une stratégie très claire sera communiquée une fois que nous serons prêts", a-t-il dit à Reuters.

Teva, le numéro un mondial des génériques, a déjà mis en vente plusieurs activités non stratégiques comme son pôle de santé féminine ou son oncologie en Europe afin de réduire son endettement, actuellement de 35 milliards de dollars (29 milliards d'euros).

Agé de 56 ans, Kåre Schultz a fait ses classes chez Novo Nordisk, le principal laboratoire pharmaceutique danois et leader mondial de l'insuline, mais il a démissionné de son poste de numéro deux en 2015 après la décision de l'ex-patron du groupe de rester jusqu'en 2019.

Nommé directeur général de Lundbeck en mai 2015, il a permis au groupe de renouer avec les profits en réduisant les coûts, une performance saluée par un triplement du cours de Bourse en deux ans.

ÉROSION DES PRIX

Son arrivée à Teva a été saluée par les investisseurs, le titre gagnant plus de 13% à Tel Aviv. L'action Lundbeck a au contraire cédé 12% à Copenhague, affectée également par l'annonce du départ du directeur commercial du groupe, Staffan Schüberg.

Teva, qui coopère avec Lundbeck dans plusieurs domaines, n'a pas fixé de date pour la prise de fonction de Kåre Schultz, indiquant qu'il prendrait son poste en Israël dès que possible. L'intérim continuera en attendant d'être assuré par Yitzhak Peterburg, comme c'est le cas depuis la démission en février d'Erez Vigodman.

Le nouveau directeur général touchera un salaire de base de deux millions de dollars par an, selon un communiqué.

Teva est confronté à une accélération de l'érosion des prix aux Etats-Unis et à un gonflement de sa dette dû en grande partie au rachat de l'activité de génériques de l'américain Allergan l'an dernier pour 40,5 milliards de dollars.

Les analystes et investisseurs estiment que Teva a payé trop cher pour Actavis, ce qui a conduit à l'éviction d'Erez Vigodman en février.

"On a besoin de restaurer la confiance", a reconnu Sol Barer, le président de Teva, interrogé par Reuters. "C'est encore tôt (...) mais il (Schultz) va prendre tout cela à bras le corps et sortir rapidement un nouveau plan stratégique."

Teva n'a "aucun projet actuellement" de séparation en deux, a-t-il ajouté.

A ceux qui s'étonnent des sept mois qu'il a fallu pour trouver un nouveau directeur général, Sol Barer répond que le conseil d'administration voulait être certain de trouver la bonne personne.

"Il a répondu à tous les critères, notamment d'expérience mondiale et pharmaceutique, et surtout il a réussi à redresser une entreprise et à créer de la valeur pour les actionnaires", a-t-il expliqué.

(avec Ben Hirschler à Londres et Abinaya Vijayaraghavan à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)

par Steven Scheer et Stine Jacobsen