Google ferait-il preuve de favoritisme envers… Google ? Le directeur exécutif du géant du Net, Eric Schmidt, était auditionné hier, le 21 septembre, par une commission d’enquête du Sénat des Etats-Unis, pour répondre de l’accusation d’abus de position dominante. Le gendarme de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC), a ouvert une investigation en juin dernier sur les résultats suspects des recherches effectuées sur Google.

Les couloirs du Sénat devaient être chargés d’électricité. En même temps qu’Eric Schmimdt, les sénateurs devaient entendre le témoignage de Jeremy Stoppelman, patron du service de recommandations Yelp, principal accusateur de Google. M. Stoppelman estime que les résultats du moteur de recherche privilégient les services fournis par Google au détriment de ses concurrents. Si l’abus de position dominante est confirmé, les sanctions peuvent prévoir de lourdes amendes et même conduire au démantèlement du groupe.

En Europe, Google fait face à de semblables actions en justice, menées notamment par Microsoft. Mais le commissaire européen au Commerce, Joaquin Almunia, a déclaré, le 16 septembre, que ce n’était pas la taille du groupe qui était en cause, mais les éventuels abus qui pourraient en découler : "Google est le moteur de recherche choisi par nombre d’entre nous ; mais être en position dominante n’est pas la même chose que d’en abuser. L’abus est une conduite qui cherche à accroître la domination par des moyens illégitimes. Et nous devons encore étudier si c’est bien le cas pour Google".

Google affiche sa stratégie de défense
Face à ces critiques, l’argumentaire de Google est bien rodé : aucune intervention humaine n’entre dans la détermination des résultats, qui sont le fruit d’un savant algorithme relevant du secret industriel. Et pour aider à comprendre sa défense, Google a publié un mini-blog en guise de "feuille de route" de son audition au Sénat. Dans ce document, le groupe répond à 7 critiques récurrentes dont il fait l’objet ("Google contrôle ce que vous faites sur le Web", "Google favorise son propre contenu", "Google nuit aux petites entreprises", etc.). A chaque fois, Google donne une série de contre-arguments et n’hésite pas, pour étayer son propos, à renvoyer vers les déclarations publiques de ses concurrents ou à réaliser des comparatifs de recherches.

Les soupçons portés sur Google surviennent à un moment crucial pour l’entreprise. Celle-ci domine toujours largement la planète Web, notamment à travers ses acquisitions les plus spectaculaires (Youtube, entre autres). Mais sur la recherche proprement dite, l’empire s’effrite légèrement. Les derniers chiffres de ComScore pour le mois d’août marquent un fléchissement de la part de marché de Google aux Etats-Unis (-0,3 point en un mois, à 64,8% de part de marché), alors que Yahoo! et Microsoft (Bing), alliés depuis quelques mois dans la recherche en ligne, atteignent à eux deux 31% (+0,2 et +0,3 point). De quoi relancer (un peu) le suspens sur un marché jusqu’ici écrasé par le bébé de Larry Page et Sergey Brin.

Les parts de marché des moteurs de recherche aux Etats-Unis en août 2011 (Source ComScore)