Avec la relance à venir de l'équipementier sportif et des perspectives qu'il juge toujours solides dans le luxe, le PDG François-Henri Pinault s'est dit vendredi "extrêmement confiant" dans les fondamentaux du groupe, tablant sur une progression des ventes et du résultat opérationnel courant en 2014.

Pour 2013, Kering a publié un résultat opérationnel courant en recul de 2,3% à 1,75 milliard d'euros, sur un chiffre d'affaires de 9,748 milliards, inchangé en données publiées et en hausse de 4% à changes constants, en ligne avec les attentes des analystes.

Le résultat net récurrent a reculé de 3,1% à 1,23 milliard et le net part du groupe a dévissé à 50 millions contre 1,048 milliard en 2012, plombé par des charges, des dépréciations et la recapitalisation de La Redoute, cédée à son management.

La contribution de Gucci, qui pèse pour 65% du résultat opérationnel de Kering, a été quasiment stable.

Si le secteur du luxe a ralenti la cadence l'an dernier, notamment sous l'effet du tassement de la demande chinoise, Gucci a vu sa croissance organique tomber à seulement 0,2% au quatrième trimestre, après 0,6% au troisième, pour finir l'année sur une hausse de 2,2%, après 9% en 2012 et 18,7% en 2011.

Puma, de son côté, a vu son résultat opérationnel plonger de 34%, une contre-performance qui devrait inciter les analystes à abaisser leurs consensus pour 2014 et 2015 et qui pèse en Bourse sur Kering. A 16h15, l'action perdait 2,65% à 150,90 euros.

PAS D'OUVERTURE EN CHINE POUR GUCCI EN 2014

Pour 2014, le directeur financier Jean-Marc Duplaix a dit anticiper une croissance organique à un chiffre pour Gucci et des ventes positives à magasins comparables après une légère baisse en 2013.

La griffe florentine signe la plus mauvaise performance du secteur du luxe. Deuxième marque mondiale par le chiffre d'affaires derrière Louis Vuitton (groupe LVMH) Gucci a poursuivi sa décélération, alors que Vuitton a positivement surpris avec une accélération en fin d'année.

Gucci, comme Vuitton, souffre d'un problème de taille (ses ventes atteignent 3,6 milliards d'euros), donc d'un manque d'exclusivité que ses dirigeants tentent de contrer par un repositionnement sur le haut de gamme.

"Il faut préparer l'avenir et la désirabilité de Gucci pour les années qui viennent. On pourrait ouvrir les vannes des premiers prix et avoir une croissance de 10%, mais ce serait très dangereux", a dit François-Henri Pinault lors d'une conférence de presse.

Il a insisté sur le potentiel que représente toujours la Chine au regard de la croissance de son revenu par habitant.

Cette stratégie entamée il y a plusieurs années (les produits sans logo pèsent aujourd'hui pour 62% des ventes de la marque contre 44% il y a un an) est largement opérée dans les pays matures mais reste à mettre en place en Chine.

La marque y a massivement étendu son réseau de distribution (61 magasins, plus que Vuitton qui en a une quarantaine) et y réalise un chiffre d'affaires d'environ 500 millions d'euros.

Aujourd'hui, elle doit nettoyer un réseau de magasins parfois mal placés, ouverts dans des malls inadaptés. Elle ne procédera à aucune ouverture nette dans le pays en 2014.

Faute de croissance, le résultat opérationnel de Gucci est resté quasiment stable (+0,5%) sur l'année à 1,131 milliard d'euros, pour une marge en hausse au second semestre à 31,9%, (31,7% un an auparavant), grâce surtout à des effets positifs de couverture de change.

SAINT LAURENT EXPLOSE

A l'inverse, les autres marques du pôle luxe de Kering, plus petites et en pleine expansion de réseau, ont signé de solides performances. Bottega Veneta, deuxième pilier du pôle, a légèrement ralenti la cadence en fin d'année (+13,4%, après 16% au troisième trimestre mais sur des comparatifs élevés), profitant d'un rythme d'ouverture de boutiques toujours soutenu (25 nouveaux magasins en 2013), et a fini l'année sur une croissance de 13,8% à 1,016 milliard d'euros.

Mais la palme revient à Saint Laurent, dont les ventes se sont envolées de 42% au dernier trimestre et qui boucle l'exercice sur une croissance organique de 21,6% (557 millions d'euros), profitant à plein du renouveau stylistique insufflé par Hedi Slimane arrivé en mars 2012.

Cette performance explique largement l'accélération de la croissance organique de l'ensemble du pôle, qui termine l'année en hausse de 7,4%, faisant mieux que la mode-maroquinerie de LVMH (+5%) mais moins bien que Hermès (+13%).

Gros point noir de Kering, Puma a encore déçu avec une baisse de ses ventes supérieure aux attentes et un résultat opérationnel en chute de 34% à 191,9 millions d'euros.

La marque, qui voit son salut passer par un retour à ses racines sportives, a laissé entendre que les effets de son plan de relance (nouveaux produits, sponsoring sportif, simplification des structures et vastes campagnes de publicité) sur sa croissance et sa rentabilité ne se feraient pas sentir avant 2015.

Edité par Dominique Rodriguez

par Pascale Denis