Diffusé le 23 décembre dernier par l'instance qui représente les Grandes Ecoles de la nation, le texte expliquait clairement les raisons pour lesquelles elle « désapprouve la notion de « quotas » et réaffirme que les niveaux des concours doivent être les mêmes pour tous ».

S'il est vrai que « la démocratisation de l'enseignement supérieur est une exigence d'équité citoyenne », la CGE estime toutefois que celle-ci doit privilégier « des soutiens individualisés (...) apportés aux candidats issus de milieux défavorisés pour les aider à réussir des épreuves qui peuvent leur sembler plus difficiles parce que leur contexte familial ne les y a pas préparés ».

Un avis qui a semble-t-il révolté François Pinault et Alain Minc, deux personnages influents, aux parcours disparates. Le premier, patron de PPR, est un entrepreneur autodidacte et un capitaliste assumé ; le second est un technocrate, major de l'ENA et intellectuel reconnu. Des différences qui n'ont pas le moins du monde entamé une surprise teintée d'indignation à la lecture du texte de la CGE.

« Comment peut-on dans la société contemporaine être aussi réactionnaire ? Comment croire que le niveau des concours doit être intangible afin de fixer à jamais une hiérarchie entre jeunes Français à l'âge de 20 ans ? » ont écrit les deux hommes.

À l'origine du plaidoyer « anti quotas » de la CGE, la signature, en novembre dernier, du contrat d'établissement de Sciences Po Paris par lequel l'école s'engage à accueillir 30% de boursiers dès 2012.

Valérie Pécresse a pourtant précisé qu'il n'avait jamais été question de « quotas », mais « d'objectifs » : « Je souhaite que nous puissions porter à 30% le nombre de boursiers dans l'ensemble de nos grandes écoles » avait déclaré la Ministre de l'enseignement supérieur.

« Comment ne pas comprendre que l'équilibre de la société passe par le rétablissement de la promotion sociale et qu'à cette aune-là le respect absolu des modes de recrutement traditionnels est suicidaire ? ». Reste à savoir si le pamphlet de Messieurs Pinault et Minc incitera les Grandes Ecoles à revoir leur copie.