Natixis a lancé, il y a deux mois, un appel d'offres pour céder ses fonds d'investissement présents au Brésil, en Inde et en Chine. Dans le cadre de sa revue stratégique, la banque de gros de BPCE, groupe bancaire issu de la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires, veut en effet se débarrasser de ses activités de capital-investissement pour compte propre.

Aujourd'hui, ce sont celles des pays émergents qui sont concernées. Il y a peu, ce sont les activités françaises qui ont été cédées, à Axa Private Equity.

D'ores et déjà, selon La Tribune (21/06), quatre offres fermes auraient été remises à Oddo, banque conseil en charge de l'opération. Parmi ces candidats, deux grandes familles industrielles françaises : celle de François Pinault, à la tête de la holding Artémis, et celle de Robert Louis-Dreyfus, décédé il y a un an.

Jacques Veyrat, patron du groupe Louis-Dreyfus, déjà un bon client de Natixis, serait intéressé par les fonds brésiliens, dans une optique de diversification financière de ses activités. Le groupe de négoce en matières premières est en outre déjà bien présent en Amérique du Sud.

Pour François Pinault et Artémis, une telle opération ferait tout aussi sens : le milliardaire français est en effet un investisseur familier des fonds, comme l'illustre sa participation dans Next Stage, société de gestion de fonds de capital-investissement.

Pinault et Louis-Dreyfus loin d'être les favoris
Mais le problème pour les deux groupes familiaux n'est pas lié à leur métier, mais plutôt à leur profil d'offre. Car les deux autres candidats, le fonds de fonds Coller et son homologue Paul Capital, sont manifestement mieux placés pour emporter le morceau. Surtout le deuxième, qui s'est associé à la société d'investissement Pechel, dirigée par Hélène Poix, ancienne directrice générale adjointe de la Caisse des dépôts.

Le tandem Paul Capital-Pechel pourrait faire la différence. Il est en effet le seul à faire une offre pour l'ensemble des fonds, qu'ils soient brésiliens - les plus rentables - indiens ou chinois, plus jeunes et moins bien cotés. De fait, Natixis ne veut pas entendre parler de vente par appartements et veut céder l'ensemble de ses fonds d'un bloc, pour une somme estimée à 250 millions d'euros.

Sauf à faire une offre globale, François Pinault pourrait donc se faire griller la politesse par des acteurs certes moins prestigieux mais collant davantage au souhait du vendeur. Toutefois, comme pourrait le dire notre baron favori : « la partie n'est terminée que lorsqu'on l'a gagnée ».