* 1,6% de croissance attendu en 2018 comme en 2019

* Un retard de croissance dû aussi à un retard de réformes

* Le chômage continuera à baisser (Actualisé avec déclarations Villeroy de Galhau)

PARIS, 14 septembre (Reuters) - La Banque de France a revu une nouvelle fois en baisse ses prévisions de croissance pour l'économie française, à 1,6% pour 2018 comme 2019, soit 0,2 point et 0,1 point de moins respectivement que dans ses précédentes estimations, pour tenir compte du net ralentissement intervenu au premier semestre.

Elle avait révisé une première fois ses prévisions en baisse au mois de juin, voyant la faiblesse de la croissance (0,2%) enregistrée au premier trimestre comme un "contrecoup temporaire" après son effervescence de fin 2017 (+0,7%).

L'Insee a depuis annoncé que le PIB de la France avait évolué au même rythme de 0,2% au deuxième trimestre, amenant la Banque de France à parler maintenant d'un "trou d'air plus marqué qu'attendu" sur l'ensemble du premier semestre.

"Au-delà des éléments de court terme, l’élan est un peu moindre en 2019, du fait de l’environnement international moins porteur, avec en particulier une révision à la baisse de la demande adressée à la France", estime-t-elle, en anticipant un rythme de progression trimestrielle de 0,4% à compter de la mi-2018.

Pour les même raisons, la Banque centrale européenne a revu en légère baisse jeudi ses prévisions de croissance pour la zone euro à 2,0% pour 2018 et 1,8% pour 2019 (contre 2,1% et 1,9% auparavant)

La Banque de France se situe dorénavant dans le bas de la fourchette des prévisions sur le PIB de la France sur 2018 comme 2019, le gouvernement tablant de son côté sur une croissance de 1,7% en 2018 comme en 2019.

Interrogé sur Europe 1, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, a souligné que la banque était "traditionnellement un peu plus prudente" que le gouvernement dans ses prévisions.

"EN RETARD DE RÉFORMES"

Mais la croissance continue, selon lui, d'être "supérieure à la vitesse de croisière habituelle de l'économie française" et si la France continue d'être en retard sur ses voisins européens, c'est "parce qu'elle est en retard de réformes".

"Ceux qui ont davantage de croissance que nous, ce sont ceux qui ont fait de réformes plus tôt. Il faut que nous profitions absolument de cet environnement favorable pour poursuivre les réformes", a dit François Villeroy de Galhau en soulignant que la Banque de France voyait la France revenir dans la moyenne de la zone euro à l'horizon 2020.

Sur le front de l'emploi, la Banque de France anticipe des créations nettes encore dynamiques en 2018 (245.000), un peu moins en 2019 (140.000), en retrait par rapport à 2017 (330.000) du fait du ralentissement de la croissance mais aussi de la baisse des emplois aidés.

Mais elle ne change rien à ses anticipations pour le taux de chômage, qu'elle voit revenir à 9,1% en moyenne sur 2018 puis 8,8% en 2018.

S'agissant de l'inflation en normes IPCH, la Banque de France la voit accélérer à 2,1% cette année, soit 0,1 point de plus que prévu précédemment, du fait notamment des prix de l'énergie, puis ralentir à 1,7% l'an prochain (+0,2 point par rapport aux prévisions de juin) en 2019 avant de repartir à la hausse à 1,8% (sans changement) en 2020.

L'inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, progresserait régulièrement à 1,0% en 2018, 1,4% en 2019 et 1,5% en 2020. (Yann Le Guernigou, édité par Sophie Louet)