* Conséquences économiques "significatives" des "Gilets jaunes"

* Vers un rebond au début de l'année 2019 ?

* Les 10 mds d'euros de mesures pas intégrés dans la prévision

PARIS, 13 décembre (Reuters) - La Banque de France a revu une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie française, notamment pour tenir compte du fléchissement attendu en fin d'année en lien avec le mouvement des "Gilets jaunes".

Dans ses prévisions trimestrielles publiées jeudi, la banque centrale française table dorénavant sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,5% en 2018 comme en 2019, soit dans les deux cas 0,1 point de moins que dans ses précédentes estimations.

Ces chiffres tiennent notamment compte des conséquences économiques de la crise des "Gilets jaunes", qui ont déjà conduit la Banque de France à abaisser ses prévisions de croissance du quatrième trimestre, à 0,2% contre 0,4% auparavant.

"Les conséquences économiques seront significatives", observe le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien à paraître vendredi dans Les Echos, en précisant cependant que ces nouvelles prévisions intègrent également "un petit rebond possible de l'activité début 2019".

En revanche elles n'incluent pas "l'effet des mesures annoncées ces derniers jours" par l'exécutif, qui pourraient par exemple susciter un surplus de consommation du fait de leur impact sur le pouvoir d'achat des ménages, déjà attendu "en hausse significative", ajoute-t-il.

Au total, les concessions consenties par le gouvernement - abandon de la taxe carbone, gestes sur la CSG, le smic et les heures supplémentaires - représentent un montant de dix milliards d'euros.

"Globalement toutefois, plus le mouvement dure, plus il s'agira d'une perte nette pour l'économie française", prévient par ailleurs François Villeroy de Galhau dans le quotidien économique.

Au-delà de ces incertitudes, la Banque de France (BdF) voit la croissance française adopter un rythme relativement régulier dans les prochaines années - 1,5% en 2018 et 2019, puis 1,6% en 2020 et 1,4% en 2021 - après une année 2017 exceptionnelle, marquée par une progression de 2,3% du PIB.

"La croissance française devrait rester supérieure à la moyenne de ces dernières années : cela demeure une conjoncture plutôt favorable", note François Villeroy de Galhau dans Les Echos.

A ce rythme, la France devrait rattraper son retard par rapport au reste de la zone euro et continuer de voir son taux de chômage refluer progressivement, de 9,1% en moyenne sur 2018 à 8,9% en 2019, pour atteindre 8,2% en 2021.

Concernant l'inflation harmonisée selon les normes européennes (IPCH), la BdF s'attend à la voir refluer à 1,6% l'an prochain, contre 2,1% cette année, principalement sous l'effet du pic de cet été notamment lié à la forte augmentation des prix de l'énergie, ainsi qu'aux hausses des taxes sur le tabac et l'énergie.

La Banque de France avait déjà révisé ses prévisions à la baisse en juin au vu du trou d'air de la croissance en début d'année et elle avait procédé à un nouvel ajustement à la baisse en septembre, sur fond d'incertitudes croissantes à l'échelle internationale.

Données détaillées sur le site de la Banque de France:

https://bit.ly/2EjVNTy

(Myriam Rivet, édité par Elizabeth Pineau)