PARIS, 13 avril (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) devrait dire clairement qu'elle tolère un dépassement de son objectif d'inflation, a estimé mardi François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.

La BCE n'a pas atteint cet objectif de hausse des prix dans la zone euro, proche de 2%, depuis huit ans et devrait encore le manquer cette année en raison de la crise du coronavirus.

François Villeroy de Galhau a déclaré que cet objectif devait être compris comme un objectif de moyen terme plutôt que comme un plafond et que la BCE pourrait tolérer une inflation supérieure à 2% "pendant un certain temps".

Alors que la hausse des prix reste bien en deçà de cette cible en dépit d'une récente accélération dont les causes restent selon lui temporaires, le gouverneur de la Banque de France a jugé que le moment n'était pas venu de sortir des mesures exceptionnelles de rachat d'obligations mises en place pendant la crise, ajoutant qu'une fois ce moment venu, il n'y aurait pas de resserrement brutal de cette politique.

François Villeroy de Galhau a cependant déclaré que la BCE pouvait encore améliorer les indications que la BCE donne aux marchés sur la manière dont elle compte atteindre son objectif d'inflation.

"Plutôt qu'un objectif flexible d'inflation moyenne, qui laisse de nombreuses questions sans réponses, mon option préférée serait l'utilisation d'une orientation renforcée et non linéaire, mentionnant explicitement notre tolérance pour un dépassement des objectifs d'inflation", a-t-il dit lors d'une conférence en ligne organisée par l'Institut Peterson d'économie internationale.

François Villeroy de Galhau a également estimé que la BCE ne devait pas s'arrimer à une définition quantitative sur ce qu'elle entend par "conditions de financement favorables", comme le suggèrent certains analystes de marchés.

"Ne pas agir de manière automatique n'empêche pas de répondre efficacement, c'est même tout le contraire", a-t-il expliqué. (Leigh Thomas, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot)