PARIS, 20 juin (Reuters) - Le nouvel instrument qu'élabore la Banque centrale européenne (BCE) pour prévenir la fragmentation entre les pays de la zone euro doit lui permettre de conforter son engagement à défendre l'euro, a déclaré lundi François Villeroy de Galhau, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de l'institution.

Réuni en urgence jeudi dernier, le Conseil a demandé aux équipes de la BCE d'accélérer les travaux devant aboutir à la création d'un outil censé empêcher un creusement des écarts de rendement ("spreads") entre les Etats membres de la zone euro.

Dans un entretien accordé au quotidien italien Corriere della Sera, François Villeroy de Galhau a déclaré que cette réunion était la meilleure preuve possible de l'engagement inconditionnel de la BCE à assurer la stabilité des prix et à protéger l'euro.

"Il doit s'agir d'un filet de sécurité. Il doit être disponible autant que nécessaire afin que notre engagement sans réserve à protéger l'euro soit très clair", a-t-il dit. "Plus un tel instrument est crédible, moins il devra être utilisé en pratique. C'est comme cela que fonctionne un filet de sécurité."

Le gouverneur de la Banque de France a ajouté qu'un outil spécifique était nécessaire pour assurer une transmission ordonnée de la politique monétaire dans tous les pays membres de la zone euro.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, est jusqu'à présent restée floue sur la manière dont le futur instrument pourrait être utilisé, sur la date à laquelle il sera prêt ainsi que sur les conditions susceptibles d'être imposées aux pays qui bénéficieraient d'achats d'obligations réalisés dans ce cadre.

François Villeroy de Galhau a déclaré que même si le nouvel outil a ses propres règles, la BCE conservera la possibilité d'exercer sa liberté de jugement et il s'est prononcé en faveur d'une stérilisation de ses interventions, soit un moyen d'éviter que le nouvel instrument n'affecte la politique monétaire.

Il a ajouté que les obligations acquises dans le cadre du nouvel instrument n'auraient pas forcément à rester détenues jusqu'à l'échéance, et donc que la banque centrale devrait pouvoir les revendre une fois les tensions sur les marchés apaisées.

"En d'autres termes, nous pourrions être plus souples en matière d'achat mais aussi de vente après un certain temps", a-t-il dit.

(Reportage Leigh Thomas, version française Marc Angrand)