(Actualisation: déclaration de Frédéric Oudéa, réaction en Bourse, commentaire d'analyste, précisions sur les coûts et les revenus des activités de marchés.)

Société Générale (GLE.FR) a publié mercredi un résultat net en hausse de 6% au titre du premier trimestre, soutenu par une réévaluation de la dette propre et par la vigueur de la banque de détail, qui ont permis de compenser la baisse des revenus du trading, affecté par la forte volatilité des marchés.

La troisième banque française cotée en termes d'actifs a dégagé un bénéfice net trimestriel de 924 millions d'euros, contre 868 millions d'euros un an plus tôt. Le produit net bancaire a diminué de 3%, à 6,18 milliards d'euros.

"Fort d'un bilan sain et de ratios de solvabilité solides, le groupe est confiant dans ses perspectives pour l'année 2016, et continuera d'investir dans ses leviers de croissance, tout en pilotant strictement ses coûts et ses risques", a déclaré le directeur général de Société Générale, Frédéric Oudéa, cité dans un communiqué.

La confiance affichée par Frédéric Oudéa et une performance supérieure aux attentes des analystes, qui tablaient sur un résultat net de 863,6 millions d'euros selon FactSet, permet à l'action d'évoluer en tête de l'indice CAC 40 mercredi. Vers 12h50, le titre Société Générale gagnait 3,5% à 33,98 euros.

Cette publication constitue un "gros soulagement", soulignent les analystes de Kepler Cheuvreux dans une note, en ajoutant que le bénéfice net dépasse "les estimations exigeantes du consensus".

Coûts en baisse

La banque a comptabilisé au premier trimestre un gain de 145 millions d'euros dû à la réévaluation de la dette liée au risque de crédit propre, tandis que les frais de gestion, à périmètre et change constants et hors effet du remboursement de l'amende Euribor, ont diminué de 0,5% par rapport au premier trimestre 2015.

Le coût du risque a par ailleurs baissé de 10,1% par rapport au premier trimestre 2015, à 524 millions d'euros, soit "son plus bas niveau depuis 2008", a indiqué Société Générale.

Dans son communiqué, Société Générale a également déclaré qu'elle réduirait les coûts de sa banque d'investissement de 220 millions d'euros supplémentaires d'ici à la fin 2017. Le groupe avait déjà annoncé des réductions de coûts d'un montant de 323 millions d'euros d'ici à 2017.

Société Générale a déjà réalisé des économies d'un montant de 900 millions d'euros entre 2013 et 2015 et compte réduire encore ses coûts de 850 millions d'euros en 2016 et 2017.

Les chiffres publiés par Société Générale illustrent bien la reprise progressive de l'économie de la zone euro, où l'investissement reprend et les défaillances sur les prêts diminuent. Comme sa concurrente BNP Paribas, Société Générale a profité de l'amélioration des revenus de sa banque de détail pour compenser l'affaiblissement de sa banque d'investissement. Celle-ci a été affectée sur les trois premiers mois de 2016 par une baisse importante des revenus du trading, les clients s'étant tenus à l'écart de marchés volatils dans un contexte caractérisé par des inquiétudes au sujet des prix de l'énergie et de faibles taux d'intérêt.

La banque de détail en France va bien, la Russie va mieux

La banque de détail en France a dégagé un bénéfice net trimestriel de 328 millions d'euros, en hausse de 18% par rapport au premier trimestre 2015, tandis que le pôle banque de détail à l'international et services financiers a vu son résultat net plus que doubler, à 300 millions d'euros sur la période.

En Russie, où Société Générale contrôle Rosbank, une des plus grandes banques privées du pays, le groupe a accusé une perte de 18 millions d'euros au premier trimestre, à comparer à un déficit de 89 millions d'euros un an plus tôt.

Cependant, le bénéfice net du pôle banque de grande clientèle et solutions investisseurs, qui comprend la banque d'investissement, les services de titres et la gestion d'actifs, a diminué de 15% au premier trimestre, à 454 millions d'euros contre 532 millions d'euros.

Ce repli masque toutefois une situation contrastée dans les activités de marchés. Si les activités "actions" ont vu leurs revenus chuter de 36,8% au premier trimestre, à 540 millions d'euros, ceux des activités taux, crédit, changes et matières premières ont augmenté de 17% sur la période.

L'amélioration des bénéfices de l'ensemble du groupe Société Générale sur les trois premiers mois de 2016 lui a permis de cumuler des fonds propres supplémentaires afin de respecter une réglementation européenne de plus en plus stricte dans ce domaine. La banque a indiqué que son ratio de solvabilité Core Equity Tier 1 (CET1) s'établissait à 11,1% au 31 mars 2016, contre 10,9% au 31 décembre 2015. Société Générale vise un ratio CET1 de 11,5% à 12% d'ici à 2019.

Le ratio de levier, une autre mesure de la solvabilité des banques, ressortait à 4% au 31 mars, comme au 31 décembre.

BNP Paribas a publié mardi un bénéfice net en hausse de 10% au premier trimestre, à 1,81 milliard d'euros. Crédit Agricole dévoilera ses comptes trimestriels le 12 mai.

-Noémie Bisserbe et Valérie Venck, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 75; valerie.venck@dowjones.com ed : LBO