(Actualisation : précisions sur l'IPO d'ALD par le directeur financier, commentaires du directeur général sur la concentration du secteur bancaire, commentaire d'analyste et cours de Bourse)

Société Générale (GLE. FR) a publié jeudi un bénéfice net en baisse au titre du quatrième trimestre, mais supérieur aux attentes des analystes, et a annoncé la prochaine introduction en Bourse (IPO) de sa filiale de location longue durée de véhicules ALD.

La troisième banque française cotée en termes d'actifs a dévoilé un profit net de 390 millions d'euros pour le trimestre clos fin décembre, en chute de 38,5% par rapport à la période correspondante de 2015. Ce plongeon résulte de deux éléments non récurrents. La cession de la filiale croate, fin 2016, s'est soldée par une moins-value, d'où un impact négatif de 235 millions d'euros sur les comptes du quatrième trimestre. Ceux-ci ont en outre pâti d'un changement de régime fiscal, qui a entraîné une réévaluation de 286 millions d'euros des impôts différés.

Le résultat d'exploitation a en revanche plus que doublé au cours des trois derniers mois de l'exercice 2016, à 1,25 milliard d'euros. Cette performance provient d'une hausse de 1,3% du produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires), à 6,13 milliards d'euros, d'une progression des frais de gestion limitée à 1,1% et d'une chute de 58% du coût du risque (provisions pour risques d'impayés).

Les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice net de 335 millions d'euros et un produit net bancaire de 6,11 milliards d'euros pour le quatrième trimestre, selon le consensus élaboré par le fournisseur de données financières FactSet. Le groupe bancaire a fait feu de tout bois en publiant des résultats nettement supérieurs aux attentes, applaudit la société de Bourse Jefferies, soulignant que le coût du risque reste extrêment faible dans l'ensemble des branches. L'action Société Générale gagnait 2,7% en milieu de séance, à 43,9 euros.

ALD bientôt introduite en Bourse

En raison de la faiblesse des taux qui rogne les marges nettes d'intérêt des banques au sein de la zone euro, le PNB de la banque de détail de Société Générale en France s'est contracté de 0,5%, à 2,18 milliards d'euros, au quatrième trimestre. Mais le bénéfice net de ce pôle a bondi de 25,2%, à 402 millions d'euros, grâce à la baisse de 3,7% de frais de gestion et à la chute de 13,3% du coût du risque.

La division de banque de détail et de services financiers internationaux, peu exposée à la zone euro et donc aux taux bas, a vu son bénéfice net s'envoler de 50% au cours des trois derniers mois de 2016, à 438 millions d'euros. Son PNB a crû de 6,7%, à 1,94 milliard d'euros, tiré par un environnement économique porteur, notamment en Roumanie, et par la normalisation de la conjoncture en Russie, un pays où les activités de Société Générale sont revenues à l'équilibre sur l'ensemble de l'exercice 2016.

Au sein de ce pôle de banque de détail et de services financiers internationaux figure ALD, la filiale de location longue durée (LLD) de véhicules de Société Générale, dont la banque a annoncé jeudi la prochaine introduction en Bourse. Avec près de 1,4 million de véhicules gérés dans 41 pays, ALD est le numéro un européen de son secteur et le numéro trois mondial (hors captives et sociétés de leasing financier). A l'issue de l'introduction en Bourse d'ALD, Société Générale demeurera l'actionnaire de référence de sa filiale de LLD.

"L'opération sera exécutée d'ici à la fin du printemps, si les conditions de marché le permettent", a précisé Philippe Heim, directeur financier de Société Générale, jeudi, lors de la présentation à la presse des résultats du groupe bancaire. Le produit de cette introduction en Bourse, qui passera par la cession d'une participation minoritaire du capital d'ALD, alimentera les fonds propres de la banque. Mais "il s'agit bien d'une opération stratégique, destinée à donner à ALD les moyens de son développement sur le marché en plein essor de la mobilité, et non d'une opération financière", a insisté Philippe Heim.

ALD, qui publiera ses comptes aux normes IFRS début mars, est comptabilisée à une valeur de 3,1 milliards d'euros dans les livres de Société Générale, a indiqué le dirigeant. Ce chiffre "reflète un prix d'acquisition à un instant "t", il ne tient pas compte de la croissance réalisée par ALD depuis que nous avons acquis cette société il y a une dizaine d'années", a-t-il souligné.

Rachat de la totalité de l'assureur Antarius

La division de banque de détail et de services financiers internationaux comprend également les métiers d'assurance, un relais de croissance. Société Générale a d'ailleurs annoncé jeudi qu'elle rachèterait le 1er avril les 50% détenus par Aviva France dans l'assureur Antarius, également propriété du Crédit du Nord, filiale de Société Générale. Annoncé en février 2015, l'exercice de son option d'achat des 50% d'Aviva France dans Antarius renforcera l'assise de Société Générale dans l'assurance, en lui permettant de franchir le seuil des 110 milliards d'euros d'encours.

De son côté, la banque de financement et d'investissement a vu son résultat net grimper de 51% au quatrième trimestre, à 432 millions d'euros, avec un PNB en hausse de 1,5%, à 2,23 milliards d'euros. Comme nombre de ses concurrentes, Société Générale a bénéficé de la bonne tenue du courtage des produits de taux, de change et de matières premières, dans le sillage de l'élection présidentielle américaine.

Sur l'ensemble de l'année écoulée, Société Générale a dégagé un bénéfice net de 3,87 milliards d'euros, contre un profit de 4 milliard d'euros en 2015, soit un recul de 3,2%. Le PNB s'est élevé 25,30 milliards d'euros en 2016, en baisse de 1,3%.

Maintien du taux de distribution de 50% dans les prochaines années

"Dans un contexte économique moins porteur et beaucoup plus contraignant sur le plan réglementaire, nous avons, comme nous nous y étions engagés lors de notre plan stratégique 2014-2016, simplifié notre modèle, optimisé l'allocation de capital et poursuivi l'investissement dans les métiers d'avenir. Ces efforts nous permettent de respecter globalement la trajectoire des objectifs stratégiques et financiers fixés en 2014", s'est félicité Frédéric Oudéa, directeur général de la banque, dans un communiqué. Exception faite du taux de croissance annuel moyen du PNB, ressorti à 2% entre 2014 et 2016 au lieu des 3% visés, du fait de la faiblesse des taux d'intérêt, la banque a rempli l'ensemble des objectifs de son dernier plan stratégique.

C'est notamment le cas sur le front du bilan, avec un ratio "core tier one" (fonds propres de grande qualité rapportés aux actifs pondérés des risques) de 11,5% au 31 décembre, contre 10,9% à la fin 2015, et un ratio de levier de 4,2% à la fin 2016, contre 4,0% au 31 décembre 2015.

Cette solidité financière permet à Société Générale de proposer à ses actionnaires un dividende en hausse de 10% au titre de l'exercice écoulé, à 2,20 euros par action. Pour les prochaines années, la banque entend maintenir le taux de distribution du résultat au niveau actuel de 50%, avec pour objectif une progression du dividende.

Un nouveau plan stratégique fin 2017

Le groupe bancaire présentera un nouveau plan stratégique à moyen terme aux investisseurs à la fin de l'année. "Le coeur de la transformation de notre groupe restera basé sur la croissance organique", a indiqué Frédéric Oudéa, tout en ajoutant que Société Générale "pourrait procéder à de petites acquisitions", à l'image du rachat du spécialiste de la location automobile de longue durée Parcours par ALD. Réalisée l'an dernier, cette opération avait rapporté 240 millions d'euros à Wendel, propriétaire de Parcours.

Interrogé sur l'éventualité d'un rapprochement avec UniCredit, qui avait fait l'objet de spéculations à la fin 2016, Frédéric Oudéa a rétorqué que Société Générale "n'[était] pas un acteur du retail [banque de détail, ndlr] italien." "J'ai des doutes sur des scénarios de consolidation européenne autres qu'à l'échelon domestique", a insisté le dirigeant. Pour le patron de Société Générale, "il existe d'abord une nécessité de concentration domestique dans certains pays, afin que les banques de détail disposent d'une taille critique. C'est le cas de l'Italie mais également de l'Allemagne, où le processus de consolidation sera probablement beaucoup plus long."

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February 09, 2017 07:57 ET (12:57 GMT)