par Crispian Balmer et Noah Barkin

TAORMINA, Italie, 26 mai (Reuters) - Le président américain, Donald Trump, est arrivé jeudi en Sicile où il risque, une fois de plus, de devoir justifier ses positions en matière de protectionnisme ou sur les réticences qu'il a exprimées vis à vis du respect de l'Accord de Paris sur le climat.

Le groupe des sept nations les plus riches de la planète tient vendredi et samedi son sommet annuel à Taormina, une station balnéaire cossue de la côte orientale sicilienne surplombée par l'Etna.

Hôte de cette réunion des dirigeants du G7, Rome espère que ce cadre somptueux favorisera l'émergence de riches discussions autour d'un vaste éventail de sujets internationaux, allant des questions syriennes ou nord-coréennes au commerce.

L'attentat commis lundi soir à Manchester justifiera également que le dossier du terrorisme islamiste prenne une part importante dans les débats.

De source diplomatique italienne, Donald Trump et les dirigeants de l'Allemagne, du Canada, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie et du Japon semblent sur la même longueur d'onde sur une série de questions mais de très nettes divergences pourraient apparaître sur le commerce international et sur l'environnement.

DISCUSSION VIGOUREUSE

L'Union européenne souhaite que le dirigeant américain s'engage à "combattre toutes les formes de protectionnisme", a dit ce diplomate qui n'a pas souhaité être identifié. Les dirigeants du Vieux continent savent toutefois qu'il leur faudra faire preuve de grandes capacités de persuasion s'ils veulent convaincre le locataire de la Maison blanche des bienfaits du libre-échange.

"Nous aurons une discussion très vigoureuse sur le commerce et nous allons discuter de ce que signifie 'libre et ouvert'", a déclaré jeudi soir Gary Cohn, conseiller économique de la Maison blanche.

Il a également prédit que les discussions sur le respect par les Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat seraient elles aussi "assez énergiques".

Selon Gary Cohn, Donald Trump prendra la décision de rester ou non dans le cadre de l'accord sur le climat une fois qu'il sera retourné à Washington. Il précise toutefois que le président américain donnera toujours la priorité au développement économique.

Les dirigeants européens devraient ne pas épargner leurs efforts pour convaincre Donald Trump à ne pas se soustraire à l'accord qui prévoit notamment une diminution des émissions de gaz à effet de serre.

GRANDE ENTREE

En cette dernière étape d'une tournée internationale qui l'a mené au Moyen-Orient puis en Europe, Donald Trump arrive en Sicile après avoir rudoyé les alliés des Américains à l'Otan en leur réclamant une fois de plus de contribuer davantage à l'Alliance atlantique.

"Je leur ai dit qu'ils devaient enfin payer leur part et respecter leurs obligations financières", a-t-il dit. "Vingt-trois des 28 pays membres ne payent toujours pas ce qu'ils devraient payer (...) C'est injuste vis-à-vis des contribuables américains".

A Taormina, le président américain ne sera pas le seul à découvrir le G7. Son homologue français, Emmanuel Macron, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni et la Première ministre britannique Theresa May feront leur grande entrée dans ce cercle très fermé.

Rome dit avoir choisi d'organiser le sommet en Sicile pour attirer l'attention du G7 sur l'Afrique située à moins de 230 kilomètres de l'île italienne.

Depuis 2014, plus d'un demi-million de migrants, provenant majoritairement d'Afrique subsaharienne, ont rejoint la Sicile après avoir traversé la Méditerranée, souvent au péril de leur vie.

L'Italie devrait donc profiter de ce sommet pour réclamer au G7 d'accentuer ses efforts en vue du développement économique de l'Afrique.

Les dirigeants de la Tunisie, de l'Ethiopie, du Niger, du Nigeria, du Kenya, se joindront d'ailleurs aux discussions samedi pour exprimer les besoins qu'ils jugent les plus urgents pour encourager l'investissement et l'innovation sur leur continent. (Avec Steve Holland, Nicolas Delame pour le service français)