par James Oliphant et Svea Herbst-Bayliss

WASHINGTON/BOSTON, 17 avril (Reuters) - L'ascension du démocrate Gary Cohn, ex-banquier de Goldman Sachs devenu directeur du Conseil économique national (NEC), n'est pas du goût de tous au sein d'une Maison Blanche républicaine qui abrite des personnalités quelque peu jusqu'au-boutistes en matière de politique économique.

Des sources de Wall Street et de la Maison Blanche disent que Cohn, en qui Donald Trump voit "l'un de ses génies", a pris l'ascendant sur Steve Bannon, stratège en chef du président républicain et partisan convaincu d'un protectionnisme que dénoncent les républicains modérés et un grand nombre de grandes entreprises.

"La priorité de Gary (Cohn) c'est la réforme fiscale et il s'emploiera à ce qu'elle soit faite en 2017", observe Orin Snyder, associé du cabinet d'avocats Gibson Dunn et ami de longue date de Cohn. "La réforme fiscale comporera une réduction de l'impôt sur les sociétés (IS) mais également des allègements fiscaux pour les bas revenus et les classes moyennes".

Certains républicains dénoncent par avance une réforme trop compliquée et pensent qu'alléger la fiscalité des revenus bas et moyens ne sera pas autant stimulant pour la croissance que concentrer l'effort sur les entreprises.

Adam Brandon, président de l'organisation républicaine FreedomWorks, déplore que Trump ne poursuive pas un plan dévoilé l'an passé, durant la campagne électorale, et qui prévoyait de réduire la fiscalité des entreprises et des particuliers aisés.

Conçu par Stephen Moore, un économiste du groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation, ce projet a depuis été mis au rebut.

Deux hauts fonctionnaires du gouvernement ont dit que les informations voulant que la Maison Blanche envisage une taxe carbone et une TVA étaient inexactes mais ils ont ajouté que d'autres idées étaient à l'étude.

Cohn a non seulement la confiance de Trump, mais encore, et c'est tout aussi important, de Jared Kushner, conseiller et gendre du président, et de son épouse Ivanka, la fille de Trump.

Cohn a formé son équipe plus promptement que d'autres membres du gouvernement et bénéficie d'une aura de compétence au sein d'une administration qui a déjà réalisé quelques faux-pas, ce que soit en matière de santé ou d'immigration, ont expliqué les sources.

Semblant se rapprocher des membres les plus modérés de son équipe, Trump a dit la semaine dernière qu'il n'excluait pas de reconduire Janet Yellen à la présidence de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, et il s'est abstenu de faire de la Chine un pays manipulateur des taux de change, revenant ainsi sur sa réthorique de campagne.

Selon des sources proches de Cohn et de la Maison Blanche, il existe de fortes divergences entre Cohn d'un côté et Bannon et Reince Priebus, secrétaire général de la Maison Blanche, de l'autre.

Cohn a déjà marqué de sa patte la politique réglementaire en s'employant avec Kushner à mettre en avant avec succès l'avocat de Wall Street Jay Clayton pour le poste de président de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, alors que le milliardaire Carl Icahn, partisan de Trump de la première heure, avait sa propre liste de candidats. La nomination de Clayton est maintenant examinée par le Sénat.

Le conseiller économique de Trump veut aussi attribuer rapidement le siège vacant de la vice-présidence de la Fed, tout en jouant un rôle de premier plan dans la mise en oeuvre de la politique de grands travaux voulue par l'actuel locataire de la Maison Blanche mais pour laquelle il faudra trouver dans les 1.000 milliards de dollars de financements.

Si les républicains sont quelque peu agacés par la prééminence prise par Cohn, ils observent que ce dernier peut tomber en disgrâce tout aussi rapidement qu'il a été promu.

"Celui qui est au sommet aujourd'hui", dit Adam Brandon, "peut avoir disparu demain".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)